L’agence de notation Moody’s a qualifié l’accord du 15 septembre entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) sur une augmentation des salaires des travailleurs du secteur public d’«étape clé» vers un nouveau programme avec le FMI, notant toutefois que «des obstacles subsistent».
L’agence a évoqué à cet effet, dans un communiqué publié lundi 19 septembre 2022, les conditions difficiles de financement intérieur et extérieur, évaluant les besoins de financement de l’Etat tunisien à 15-20% du PIB par an, jusqu’en 2025.
«Ces besoins n’ont pu être satisfaits qu’à travers le déblocage de financements concessionnels dans le cadre d’un nouvel accord avec le FMI», a indiqué l’agence, rappelant que «le rôle du gouvernement en tant qu’employeur de dernier recours, au cours de la dernière décennie, s’est traduit par des ajouts constants du personnel et des salaires dans le secteur public.»
Le contrôle de la très importante masse salariale du secteur public, qui s’élevait à 15,4% du PIB en 2021, a été politiquement difficile sans le soutien de l’UGTT, selon Moody’s.
La FMI avait précédemment appelé à un large consensus impliquant les partenaires sociaux, y compris les syndicats, et d’autres parties prenantes, avec un engagement à soutenir les réformes qui les impliquent.
En Tunisie, les tensions sociales récurrentes au cours de la dernière décennie dans un contexte de faible croissance et de création d’emplois, associées à une mauvaise gouvernance et à un paysage politique fragmenté, ont empêché les gouvernements successifs de mettre en œuvre des réformes et de remédier aux déséquilibres budgétaires.
Moody’s s’attend à ce que le déficit budgétaire se creuse sur le reste de l’année, atteignant 8,6% du PIB pour l’ensemble de 2022, en raison de l’impact des prix de l’énergie et des denrées alimentaires sur la facture des subventions. Elle estime aussi que le déficit du compte courant atteindra près de 10% du PIB cette année, après s’être réduit à 5,9% du PIB en 2021.
La réaction de Moody’s intervient juste après celle de Fitch Ratings qui avait indiqué, jeudi 15 septembre, que l’accord signé entre le gouvernement tunisien et l’UGTT, élève la probabilité d’un accord avec le FMI.
La signature de cet accord sur les salaires du secteur public «lève un obstacle majeur à un programme de prêt du FMI, que nous considérons comme essentiel à la liquidité extérieure et à la cote de crédit de la Tunisie», a noté Fitch Ratings.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a déclaré dimanche que la Tunisie parviendrait à un accord avec le FMI dans les prochaines semaines. Il a déclaré dans une interview à Reuters que la valeur du prêt est toujours en cours de négociation, mais qu’elle devrait se situer entre deux et quatre milliards de dollars américains, sur une période de trois ans.
D’après Tap.
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