Tunisie – Législatives : une faible participation jusqu’à 13 heures

L’impression qui se dégage des bureaux de vote à Tunis, à l’occasion des législatives anticipées, aujourd’hui, samedi 17 décembre 2022, jusqu’à 13 heures, est celle d’un intérêt mitigé voire d’un certain désintérêt de la part des citoyens. (Ph. Radio Gafsa).

Par Imed Bahri

En effet, selon ce qui a pu être constaté par nos journalistes, aux premières heures de la journée, il n’y a pas foule devant les bureaux de vote, et on compte parfois davantage d’agents de l’ordre que de votants.

Selon le Réseau Mourakiboun, spécialisé dans l’observation des élections, le taux de participation aux premières heures de la journée a été beaucoup plus faible que ceux constatés lors des précédents scrutins, en avançant une estimation de 2,22% de taux participation, jusqu’à 10 heures, dans les bureaux de vote visités par ses équipes déployées aux quatre coins du pays.

Mourakiboun à aussi souligné, lors d’une conférence de presse, une quasi-absence des observateurs dans les bureaux de vote, étant donné la faible participation des partis à ces élections uninominales à deux tours.

Une très faible taux de participation

Selon Mosaïque FM, citant un membre de l’Instance régionale indépendante pour les élections de Tataouine, deux bureaux de vote, à Ghamadi et Borj El-Khadra, ont enregistré zéro votes jusqu’à 13 heures. Le taux de participation dans ce gouvernorat n’a pas dépassé, à 13h, 1,55%, soit 2030 votant sur un total d’inscrits de 130 398.

Ce n’est pas ce qu’a constaté le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Farouk Bouasker, qui donnait une conférence de presse en milieu de matinée. Pour lui, le taux de participation au cours des deux premières heures de la journée peut être qualifié de «satisfaisant» et «comparable» à ce qu’il était lors des précédents scrutins, en affirmant qu’il s’attend à une amélioration de la participation au cours des prochaines heures.

Cependant, le seul chiffre avancé par M. Bouasker est celui de 270 000 votants entre 8h et 10h dans tout le territoire de la république, soit 2 250 chaque minute (sic!), a-t-il précise, mais ces deux chiffres ne disent pas grand-chose sur le taux de participation, et encore moins sur celui d’abstention que beaucoup d’experts s’attendent à ce qu’il soit plus élevé que lors des scrutins organisés depuis 2011.

M. et Mme Saïed ont voté ce matin à Ennasr.

Une nouvelle histoire du pays, dit Saïed

Quoi qu’il en soit, ces considérations ne sont pas de nature à faire douter le président de la république Kaïs Saïed, qui s’est rendu ce matin, accompagné de son épouse, au bureau de vote de l’école primaire de la Cité Ennasr 1 (Ariana), et appelé les Tunisiens à ne pas manquer cette occasion historique et à se fier à leur conscience pour recouvrer leur droits légitimes à la justice et à la liberté, affirmant qu’eux seuls, par leurs libres choix et une prise de conscience des défis qui se posent, sont capables d’écrire une nouvelle histoire du pays.

Ceux qui seront élus aujourd’hui ou lors d’un deuxième tour doivent se rappeler qu’ils seront constamment contrôlés par ceux qui les ont choisis et que s’ils manquent à leur devoir, le mandat de député peut leur être retiré, conformément à la loi, a-t-il ajouté, par allusion à la nouvelle constitution qu’il avait lui-même fait promulguer, en soulignant la nécessité que la souveraineté soit aux mains du peuple pour asseoir la souveraineté de l’Etat et pour que les lois adoptées par le nouveau parlement soient l’expression des attentes du peuple et ses aspirations à la liberté et la dignité.

«C’est un jour historique qui a été rendu possible malgré tous les obstacles», a soutenu le président de la république, appelant les Tunisiens à «faire preuve de vigilance face aux tentatives de faire échouer le processus», par allusion aux partis de l’opposition qui ont appelé au boycott des élections dont ils mettent en doute l’intégrité et la crédibilité.

«Une nouvelle histoire commence où les Tunisiens bénéficieront de tous leurs droits à l’enseignement, la santé, le transport et la sécurité sociale, autant de revendications sur lesquelles le prochain parlement doit se pencher avant l’élection de l’Assemblée des régions et des districts», a encore déclaré le président, un brin lyrique, en feignant d’oublier la crise socio-économique à laquelle font face les Tunisiens et qui se traduit pour eux par une forte inflation, d’importantes hausses des prix, des pénuries des produits de première nécessité et une grave dégradation des services publics sans précédent dans l’histoire du pays. Ce qui explique la faible participation constatée jusqu’à la mi-journée dans toute la république.  

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