Le dédain des électeurs tunisiens vis-à-vis des politiciens en place et des candidats à la députation a été amplement confirmé au cours de ce 2e tour du scrutin législatif du 29 janvier 2023 où neuf électeurs sur dix ont boudé les urnes. Comme lors du 1er tour du 17 décembre 2022.
Par Samir Gharbi
Ce dédain s’est de nouveau exprimé malgré la mobilisation de la commission électorale, qui a multiplié les SMS de rappel au devoir de vote, malgré aussi la mobilisation des réseaux du pouvoir présidentiel.
Pour des élections aussi importantes que celles de 161 députés censés renouveler le paysage politique tunisien terni par une dizaine d’années d’incohérences, c’est un constat d’échec sur toute la ligne… L’argument selon lequel mieux vaut «10% de vrais votants» que «90% de faux votants» a marqué les esprits des derniers indécis : puisque c’est mieux avec 10%, eh bien, ce n’est plus la peine d’aller voter…
La plus belle Tunisie du monde ne peut donner que ce qu’elle a : l’abstention, le chacun pour soi, le «je-m’en-foutisme»… Chacun vaque à ses propres occupations, chacun se débrouille comme il peut pour subsister dans un pays en crise larvée.
Une poignée de voix pour siéger au parlement
Avec un taux de participation de 11,30%, contre 11,22% au 1er tour, il n’est plus possible de parler de «légitimité». Il aura suffi d’une poignée de voix pour se faire élire.
Ce problème de chiffres ne change rien sur le fond : le discrédit de la classe politique est net et sans appel. L’écrasante majorité électorale a confirmé sa défiance vis-à-vis des personnages politiques passés et présents qui n’ont pas tenu et qui ne parviennent plus à tenir leur engagement minimaliste : améliorer les conditions de vie des Tunisiens dont la plupart ont été paupérisés depuis 2011 alors qu’une minorité s’est largement enrichie.
Cette défiance ne peut que réduire les marges de manœuvre d’un gouvernement qui tente vainement, depuis plus de deux ans, de venir à bout d’une hydre aux multiples têtes.
Cela peut-il durer ? Oui, la résilience des peuples a ceci de particulier : elle dure, elle dure. Elle prend fin subitement, mais nul ne sait quand cela arrivera… Il suffit d’un déclic salvateur ou ravageur…
Donnez votre avis