Les membres de la commission des Affaires étrangères (AFET) du Parlement européen qui devaient se rendre en Tunisie du 14 au 16 septembre «ne se sont pas coordonnés au préalable avec les autorités officielles tunisiennes», a indiqué une source du ministère des Affaires étrangères (MOFA), dans une déclaration à l’agence Tap, trois jours après le refus officiel tunisien opposé à cette visite.
Cette délégation, composé de cinq membres, s’était donné pour mission d’«évaluer la situation politique actuelle dans le pays (…) et de faire le point sur l’accord migratoire signé mi-juillet entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie».
Il n’y a pas eu de coordination préalable avec les autorités officielles, comme prévu par une coutume internationale établie pour l’organisation de visites de délégations étrangères, explique la même source, qui insiste en affirmant que ces visites sont régulièrement coordonnées au préalable avec les autorités officielles des pays hôtes, notamment en ce qui concerne la date de la visite, la composition de la délégation et le programme de travail.
L’absence de concertation préalable est une approche «totalement inacceptable» et contrevient aux normes internationales, a indiqué la même source, estimant qu’il s’agit d’une «provocation» injustifiée et que la Tunisie ne sera jamais une arène de règlements de comptes entre les différentes factions politiques étrangères.
Tunis, pour sa part, n’a jamais envoyé de délégations parlementaires pour inspecter ou évaluer la situation dans aucun pays du monde, souligne la même source, rappelant ainsi, indirectement, deux principes fondamentaux des relations internationales: l’autonomie de la décision nationale et la réciprocité. «Tunis souhaite entretenir d’excellentes relations avec le Parlement européen et les consolider davantage, compte tenu du rôle majeur joué par cette institution au sein de l’Union européenne», ajoute la source officielle tunisienne, en rappelant l’échange récent de plusieurs visites de délégations parlementaires tunisiennes et européennes, qui, dit-elle, témoigne de l’engagement commun à poursuivre un dialogue positif et constructif fondé sur le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures du pays.
La source du ministère des Affaires étrangères a rappelé les nombreuses visites effectuées par des délégations parlementaires européennes en Tunisie au cours de la période écoulée, notamment celles de l’eurodéputé Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (le plus grand groupe au Parlement européen), et de la délégation des Verts, en en plus des prochaines missions programmées par les délégations parlementaires des États membres de l’Union européenne.
Parmi les membres de la délégation parlementaire qui se rendra en Tunisie figurent des députés européens connus pour leurs «positions hostiles à l’égard de la Tunisie» et pour leurs «propos partisans et non objectifs sur la Tunisie, les choix de son peuple et de ses institutions».
Rappelons que les autorités tunisiennes ont refusé de recevoir une délégation de parlementaires et ont demandé à la partie européenne, via la mission de l’Union européenne en Tunisie et l’ambassade de Tunisie à Bruxelles, de modifier la composition de la délégation et d’inclure des députés européens plus objectifs, précise la même source, laissant ainsi entendre qu’elles opposaient un véto contre certains de ses membres.
Par ailleurs, le programme des visites de la délégation ne prévoyait pas de rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, comme cela avait été le cas lors des précédentes visites parlementaires en Tunisie, ajoute la même source. Ce qui a été interprété comme un parti-pris inacceptable, étant donné que la délégation avait prévu de nombreuses rencontres avec des représentants de la société civile. Ce qui semble avoir poussé Tunis à déclarer que les membres de la délégation «ne sont pas les bienvenus sur le territoire tunisien».
La source tunisienne a également réaffirmé la volonté de la Tunisie de poursuivre un dialogue constructif avec le Parlement européen sur la base du respect mutuel, réitérant son rejet total de toute ingérence dans ses affaires intérieures, tout en insistant sur le respect des choix de son peuple.
I. B.
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