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Le droit-de-l’hommisme sélectif de Moncef Marzouki

Il dénonçait les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme jadis sous Ben Ali et aujourd’hui en Egypte, et ferme les yeux sur les exactions d’Erdogan. Moncef Marzouki est hypocrite, malhonnête et manipulateur. Son droit-de-l’hommisme est trop sélectif pour être crédible.

Par Chedly Mamoghli *

Grand donneur de leçons devant l’Éternel surtout quand il s’agit de démocratie et des droits humains dont il croit détenir le monopole, l’ancien président provisoire a rédigé un statut Facebook de félicitations et de louages à Erdogan – qui vient d’être réélu président en vertu de la nouvelle Constitution qui consacre un régime présidentialiste et le culte de la personnalité, une Constitution taillée sur mesure pour un seul homme – pourtant fossoyeur de la démocratie en Turquie et qui viole les droits humains quotidiennement dans

son pays.

Le message de Marzouki était à la fois un message de félicitation mais aussi un message destiné à ses adversaires politiques ici en Tunisie pour régler ses comptes.

S’il existe une personne que je ne critique pas ou très peu, c’est bel et bien Moncef Marzouki. Non pas que je le porte dans mon cœur, il n’y a aucune place pour les sentiments en politique mais pour deux autres raisons.

Un cas psychiatrique

D’abord, il n’est plus au pouvoir et il est d’usage – ce qui est d’ailleurs logique – de se concentrer plus sur ceux qui occupent actuellement le pouvoir, ceux qui le détiennent et président aux destinées du pays.

Ensuite, Marzouki, de l’avis de tous, n’a pas un comportement normal. Beaucoup de personnes depuis des décennies évoquent d’éventuels problèmes de santé mentale, qu’il serait suivi par des médecins à Paris, évoquant même des séjours à l’hôpital Saine-Anne dans cette même ville (établissement spécialisé en psychiatrie). Même au jour d’aujourd’hui, il continue à se démarquer par son comportement bizarre. À Hammam Sousse où il habite, tout le monde répète qu’il sort toujours de chez lui par la porte arrière de sa maison pour ne pas croiser les gens, qu’un jour en voyant un ancien ministre, il a changé de trottoir pour l’éviter et ne pas lui parler.

Tout cela laisserait croire que c’est un individu asocial. Je suis convaincu, comme beaucoup de Tunisiens, que le cas de cet homme relève de la psychiatrie. Par conséquent, je ne l’évoque pas et je ne le critique pas car on ne critique pas les personnes malades et, comme on dit dans le dialecte tunisien, «Mé nékhdhouch alihom» (on ne les prend pas au sérieux).

Pour ces deux raisons invoquées, je ne m’attarde jamais sur le cas Marzouki mais cette fois-ci je déroge à la règle car il a dépassé toutes les limites de l’hypocrisie de la malhonnêteté.

Lui, le Don Quichotte (de la démocratie et des droits humains) qui ne laissait rien passer au régime autoritaire de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui allait pleurer chez les Occidentaux et surtout chez ses amis de la gauche française à chaque fois que l’ancien régime commettait une exaction, aujourd’hui alors que la démocratie turque part en miettes et que le dictateur Erdogan s’adonne à sa passion favorite à savoir bâillonner les journalistes et les emprisonner, Marzouki le félicite, lui rend hommage, lui cire les pompes et s’en prend à ces mêmes occidentaux chez qui il allait pleurer jadis pour se plaindre de Ben Ali.

Que le régime de Ben Ali pourfende la liberté d’expression et viole les droits humains, c’est inadmissible mais qu’Erdogan le fasse, il applaudit des deux mains, lui trouve des excuses et crie au complot occidental.
À vrai dire, ces Occidentaux méritent amplement ce traitement de la part de Moncef car il les a toujours instrumentalisés. Ces derniers ont des qualités comme l’esprit rationnel mais ont aussi des défauts comme la naïveté, un garçon comme Moncef a toujours compris que la démocratie et les droits humains sont la faiblesse par laquelle il pouvait les mettre dans sa poche. Alors, il allait toujours jouer devant eux le rôle du champion tunisien des droits humains, ce qui a marché et très bien réussi. Ils l’ont toujours soutenu avant la chute de l’ancien régime. La France – et grâce à ses copains socialistes – lui a accordé une carte de séjour (car il n’a pas la nationalité française contrairement à ce qui est véhiculé) et son pote Jack Lang lui a trouvé un poste de médecin bien rémunéré à Créteil.

Cette même France l’a soutenu après la chute de l’ancien régime, en 2011, avant les élections d’octobre de cette même année mais aussi lorsqu’il était président provisoire et durant les élections de 2014. Même les médias français dressaient de lui des portraits reluisants, on se souvient parfaitement de celui de Bernard de La Villardière sur M6. Et après, il urine sur l’Occident, en se la jouant «ouroubi» (nationaliste arabe), en s’en prenant à ceux qu’il appelle les «orphelins de la France» alors qu’il est un enfant gâté et un chouchou de cette France. Il est hypocrite, malhonnête et manipulateur.

Un droit-de-l’hommisme à géométrie variable

Son droit-de-l’hommisme sélectif ne s’arrête pas au cas précédemment cité où il attaquait Ben Ali mais cirait les pompes d’Erdogan. Il y a un autre exemple, il adore s’en prendre au président égyptien Abdelfattah Al-Sissi, meilleur ennemi de ses parrains qataris – dont il ne rate aucune occasion pour le traiter de tous les noms d’oiseaux.

Qu’il dénonce des exactions aux droits humains en Egypte, soit, mais pourquoi ne le fait-il pas aussi pour la Turquie d’Erdogan qui entasse les journalistes en prison? Pire, pour lui, Erdogan est un modèle démocratique et se distingue par son respect vertueux des droits humains. Dans cette Turquie erdoganienne, celui qui ose critiquer Erdogan Ier est accusé de faire partie de la confrérie de l’Imam Maaloul. Euh pardon! De la confrérie de l’Imam Gülen. Jadis soutien d’Erdogan, l’imam Gülen est le chef du mouvement Hizmet, il est accusé d’avoir fomenté la tentative de putsch de l’été 2016. Tu le critiques, il te met en prison, tel est la logique erdoganienne.

Un journal comme celui de Cummuriyet – journal de l’intelligentsia turque – a vu tout son personnel jeté en prison, toute la rédaction ainsi que le comptable et même le type qui prépare le thé et le café. Mais qu’importe! Moncef le soutient aveuglement. Tartuffe notre Moncef.

Et notre ancien président provisoire de conclure son beau statut Facebook par «Moutou bighaydhikom» (Mourez de rage). Est-ce un niveau digne d’un ancien président? Il parle comme une midinette râleuse jalousée par une copine ou comme les miliciens d’Ennahdha sur Facebook après les élections d’octobre 2011.

La fille de Ghannouchi a également écrit un texte le 23 octobre 2012 pour fêter le premier anniversaire de leur victoire électorale en le concluant par ces mêmes termes.

Quel niveau ce Moncef Marzouki qui veut jouer à l’intello et qui se rabaisse à râler sur les réseaux sociaux. Son caractère aigri, haineux et bourré de complexes a hélas pris le dessus comme souvent. Son cas relève de la psychiatrie mais qu’il ne prenne pas les Tunisiens pour des cons en usant et abusant de son droit-de-l’hommisme sélectif.

* Juriste.

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