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Faut-il revoir les lois sur le cannabis en Tunisie ?

Alors que la plupart des pays du monde semblent adopter une législation de plus en plus souple à l’encontre du cannabis, allant parfois jusqu’à légaliser le cannabis, ce n’est pas le cas en Tunisie, où le fait de fumer un joint peut vous faire atterrir en prison. Des groupes militants et beaucoup de consommateurs, à l’aide des réseaux sociaux, expriment leur volonté de changement. Alors, faut-il revoir les lois sur le cannabis en Tunisie ? Voici quelques éléments de réponse.  

Par Meriem Majdoub

Historique du cannabis en Tunisie  

Vous pensez peut-être que la Tunisie est loin de ce marché du cannabis du monde occidental, où il est possible d’acheter de l’Hindu Kush ou Cash Express, simplement en vous rendant dans une pharmacie ou bien en vous connectant sur https://www.cannaconnection.fr/varietes/cash-express pour acheter vos graines à des fins de culture personnelle. Pourtant, jusqu’au milieu du XXème siècle, le cannabis était utilisé régulièrement à des fins médicales, mais aussi de récréation, et il n’était pas rare d’en acheter pour son usage personnel.  

Pourtant, ce que l’on appelle le zatla à l’échelle nationale (pour «résine de cannabis», qui désigne généralement les joints) n’est plus autorisé depuis la loi du 23 avril 1953, qui interdit la détention et la consommation de cannabis. D’ailleurs, le pays utilise toujours l’analyse d’urine pour prouver certains cas de consommation. Les peines sont d’ailleurs très lourdes, et peuvent aller jusqu’à 25 ans de prison pour de la vente, mais aussi 6 mois de prison et une amende pour une simple inhalation de cannabis. Il s’agit donc d’une plante à éviter, que ce soit dans son cercle personnel, familial, ou professionnel.  

Pourquoi un tel changement maintenant ?  

Il s’agit pourtant d’une loi contestée par des groupes militants, mais aussi de nombreux habitants de la Tunisie, qui ont recourt aux réseaux sociaux pour exprimer leur mécontentement. Tout commence en 2016, mais pas pour des raisons de marché du cannabis en pleine expansion. Ce qui a relancé le débat, c’est bien la dimension humanitaire de cette loi, jugée trop stricte par des organismes tels que l’ONG Human Right Watch. Cette dernière qualifie dans un rapport de 2016 le « coût social» de cette loi restrictive, appelée la «loi 52». Pire encore, elle fait état du caractère décalé entre des prisons pleines et difficiles à gérer, et les prisonniers, qui sont pour la majorité des consommateurs avérés ou suspectés de cannabis (plus de 20% des effectifs).  

En d’autres termes, l’ONG, à laquelle s’est joint plusieurs collectifs, notamment Le Prisonnier 52, appelle à la réforme de cette loi jugée trop répressive et une atteinte à la liberté d’expression et à certains droits fondamentaux. Avec la montée des études scientifiques sur les bienfaits de certains cannabinoïdes issus du cannabis, notamment le CBD (pour cannabidiol), la question de cette réforme est d’autant plus au cœur des débats.  

Les possibilités futures concernant le cannabis en Tunisie  

Récemment, le Premier ministre tunisien s’est montré favorable à une réévaluation de la loi 52 relative à la consommation des stupéfiants, qui a été relayée par le chef de cabinet, en parlant de «réduire les peines», ou de proposer une « initiative législative ». De fait, cela n’exclut pas d’abolir la loi, mais bien de la modifier. Face à cela, des députés se montrent beaucoup plus tranchés et favorables à un changement total de la loi, voire à son abolition. Par exemple, Yassine Ayari souhaite proposer un projet de loi visant à légaliser la vente de cannabis sur le territoire, avec un encadrement étatique.  

Ainsi, toutes les possibilités sont ouvertes. Pour les consommateurs, réguliers ou occasionnels, aucune de ces options ne semble satisfaisante, car les mentalités ne sont pas près de changer. Avec la condamnation récente de trois Tunisiens à une peine record de 30 ans de prison pour consommation de joint dans un stade, les esprits sont tournés vers une approche droits et libertés plutôt qu’économique ou politique de cette loi. Entre dépénalisation totale, assouplissement et statu quo, les options restent incertaines : affaire à suivre. 

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