Tunisie-Automobile : éviter les abus liés au régime FCR

Le comble du populisme serait de fermer les yeux sur les graves abus commis à la faveur du régime FCR qui, d’un geste au profit des Tunisiens rentrant définitivement au pays en ramenant un véhicule automobile à la mesure de leurs moyens et pour leur usage personnel, est devenu une source de trafic, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale dont profitent une véritable mafia et des individus sans scrupule.

Par Elyes Kasri *

Le régime FCR, rappelons-le, est un privilège qu’accord l’Etat aux Tunisiens de l’étranger sous certaines conditions et qui leur permette d’importer leurs véhicules personnels à l’occasion du retour définitif au pays, sans payer des taxes douanières.

Le commerce parallèle d’un privilège fiscal

Cette apparente bonne idée, aux relents populistes, a cependant été détournée de ses objectifs  initiaux. Car en plus des étudiants de familles aisées qui rentrent après leurs études à l’étranger avec une Bentley ou une Porsche alors qu’ils n’ont pas travaillé un seul jour durant leur séjour à l’étranger, un véritable commerce parallèle de ce privilège fiscal s’est instauré.

Annuler la mesure très timide de limitation de ce trafic, qui imposait la possession pour un an du véhicule introduit en Tunisie sous le régime FCR avant sa revente sur le marché local, ne peut que porter un préjudice supplémentaire au trésor public et réduire les chances de voir un constructeur automobile étranger s’établir en Tunisie car en plus de la dimension réduite de son marché, la Tunisie subit des distorsions administratives, fiscales et commerciales qui la rendent peu attractive.

La solution serait plutôt de revoir de fond en comble la politique du transport en Tunisie en investissant dans les transports publics ou en laissant les privés s’en charger tout en revoyant l’imposition fiscale excessive des véhicules automobiles surtaxés en Tunisie car comme le dit le vieil adage «trop d’impôt tue l’impôt».

Une fiscalité plus rationnelle des véhicules de transport

Avec l’augmentation effrénée du coût des voitures, des pièces de rechange et du carburant, en raison de la hausse de leurs prix sur le marché mondial et de la forte dévaluation du dinar tunisien, qui a perdu près de la moitié de sa valeur en dix ans face aux devises étrangères, le meilleur moyen de préserver le pouvoir d’achat du citoyen tunisien serait une nouvelle stratégie privilégiant les transports en commun et, dans l’attente de la mise en œuvre de cette stratégie, une fiscalité plus rationnelle des véhicules de transport en évitant les distorsions et abus occasionnés par le privilège fiscal du régime FCR.

* Ancien ambassadeur.

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