C’est par une boutade que Amin Mahfoudh a rejeté toute paternité du projet de nouvelle constitution proposée au référendum du 25 juillet prochaine, et dont le texte initial a visiblement été plus que tripatouillé par le président de la république Kaïs Saïed.
Le professeur de droit constitutionnel, qui a fait partie de la commission chargée de rédiger le projet de nouvelle constitution, aux côtés de deux autres de ses collègues, Sadok Belaid et Mohamed Salah Ben Aissa, a été le premier à réagir au texte de ladite «nouvelle constitution» après l’avoir découvert, avec le reste des Tunisiens, après sa publication, dans la soirée du 30 juin, par le Journal officiel de la république tunisienne (Jort).
Ne reconnaissant pas la mouture qu’il a rédigée avec ses collègues, et visiblement gêné aux entournures, se sentant floué, roulé dans la farine, instrumentalisé voire humilié, l’universitaire a publié hier soir, vendredi 1er juillet, un post Facebook où il reprend, avec une douloureuse ironie, le texte d’une chanson de Francis Bebey qui dit : «Agatha, ne me mens pas / Ce n’est pas mon fils / Tu le sais bien / Ce n’est pas mon fils / Tu le vois bien».
Cependant, le mal est fait et le coup est parti, il ne sert donc à rien de continuer à faire de l’esprit. Car l’heure est grave…
Personne n’a obligé M. Mahfoudh à s’associer à une opération qui, dès le début, paraissait viciée : car il devait, lui et ses collègues, proposer un texte au président de la république qui était libre d’en faire tout ce qu’il veut. Et le locataire du palais de Carthage ne s’est pas privé d’y mettre tout ce qu’il a voulu.
Le texte initial ou première mouture n’ayant pas été publié, les auteurs n’ont aujourd’hui aucun recours. Ils ont le choix entre deux options : continuer à jouer le jeu en cautionnant, devant l’opinion publique et devant l’Histoire, le texte d’une constitution qui ne leur ressemble pas, ou sortir de leur mutisme et prendre clairement leurs distances vis-à-vis de ce texte, par acquit de conscience et pour sauver la face, ne fut-ce qu’aux yeux de leurs collègues et leurs étudiants.
Imed Bahri
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