Castel, actionnaire majoritaire de la SFBT, accusé de «complicité de crimes de guerre» en Centrafrique

Le groupe français Castel, l’actionnaire majoritaire depuis 2019, à travers sa filiale Brasseries et Glacières Internationales (BGI), à hauteur d’environ 58%, de la Société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT), fait l’objet d’une enquête préliminaire sur des accusations de «complicité de crimes contre l’humanité» et de «complicité de crimes de guerre» en Centrafrique où le groupe est implanté.  

L’enquête a été ouverte le mercredi 29 juin 2022 par le Parquet national antiterroriste (PNAT) français. L’affaire remonte à  la publication d’un rapport de l’ONG The Sentry, spécialisée dans la traque de l’argent sale, sur un soutien financier d’une de ses filiales à des groupes armés en Centrafrique en échange de la sécurisation d’une usine. La société incriminée est la Sucrerie africaine de Centrafrique (Sucaf RCA), filiale de la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa), contrôlée à 87 % par le groupe Castel.

Selon les graves allégations de The Sentry, Sucaf RCA a «négocié un arrangement sécuritaire» avec notamment l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé accusé d’exactions, pour «sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre» et «tenter de protéger le monopole de la société».

Par-delà ses développements et ses conséquences éventuelles sur les activités du groupe Castel en Afrique, l’information mérite d’être portée à l’opinion publique en Tunisie, d’autant que ce groupe détient la majorité du capital de l’un des fleurons de l’industrie en Tunisie et des plus importantes capitalisations à la Bourse de Tunis.

Pour rappel, la SFBT contrôle environ 85% du marché tunisien de la bière, 90% de celui des sodas et environ 45% de celui des eaux minérales. Elle produit les marques de bières locales (Celtia, Stella) ainsi que des marques internationales (33 Export, Löwenbräu et Beck’s). Elle jouit à ce titre, d’une position dominante sur le marché tunisien, malgré l’arrivée de Heineken en 2007.

La société exporte par ailleurs une partie de ses produits vers la Libye voisine et certains pays de  l’Afrique de l’Ouest. 

I. B.

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