Un 13-Août comme les autres pour les Tunisiennes

L’auteure, ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), déplore dans ce post Facebook que la célébration de la fête nationale de la femme, le 13 août, coïncide cette année avec l’incarcération de la jeune maire de Tabarka Amel Aloui, dans le cadre d’une affaire de corruption que des notables locaux lui ont montée de toutes pièces parce qu’elle a osé s’attaquer à leurs privilèges. (Illustration : la société civile locale et nationale se mobilise pour la libération de Amel Aloui)

Par Yosra Frawes  

Un 13 août pour rappeler que les femmes payent très très cher leur implication dans le champ politique.

Elles peuvent se trouver en prison et ce n’est pas une exagération. Après douze ans de la révolution, Amel Aloui, l’une des figures jeunes du mouvement révolutionnaire, est en prison. Une responsable locale est en prison. Quel scandale pour le pays des droits des femmes !

Quand elles ont un don, du talent, de l’ambition et une vision, si elles échappent à la taule, elles ont droit toutes à la condamnation d’être inférieures à vie.

Leur vie intime, personnelle, privée ne veut rien dire. Leur corps ne leur appartient pas et c’est tout-à-fait justifié par la loi puisque nous fêtons chaque année un Code de statut personnel qui malgré ses avancées, nous rappelle toutes à l’ordre.

Cet ordre patriarcal qui fait de nous des corps à vendre en nous payant la dote. Un ordre qui fait de nous des incapables d’être cheffes de familles que nous fondons, un code qui nous prive d’un nombre de prérogatives sur les enfants que nous créons. Un code qui fait de nous des mineures sous la tutelle d’un époux chef de famille. Un code qui nous appauvrit car seulement sur la base de notre sexe, il décide que nous sommes moins aimées par dieu et par nos parents et nous donne droit à la moitié de ce qu’héritent les mâles.

Voilà la petite histoire d’un CSP que nous fêtons aujourd’hui et depuis presque 70 ans.

Solidarité avec #amel_aloui en prison

Et Solidarité avec toutes les femmes emprisonnées par les normes du CSP et du patriarcat.

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