Nabeul : le projet de protection de Maamoura suscite des craintes

Une marche de protestation contre le projet de protection de la ville de Maamoura contre les inondations, a rassemblé ce dimanche 21 août 2022, un grand nombre de citoyens dans cette petite ville relevant du gouvernorat de Nabeul et bien connue des estivants pour ses belles plages.

Les protestataires, pour la plupart des habitants de la région, ont entamé la marche depuis le centre ville de Maamoura, pour rejoindre son entrée principale au niveau de la route régionale numéro 27 reliant Nabeul à Kélibia, où ils ont campé pendant plus de trois heures fermant la route, exprimant leur rejet du projet qui constitue selon eux, «une menace et une catastrophe écologique et sociale pour la région».

Il s’agit de la deuxième marche de protestation organisée durant ce mois, après celle organisée dimanche 14 août. Elle vise «à faire entendre la voix des citoyens de Maamoura qui refusent l’installation et l’orientation des canaux transportant l’eau de ruissellement des régions limitrophes vers la lagune de Maamoura de manière à y menacer l’équilibre écologique et favoriser la catastrophe», selon les déclarations faites par des protestataires à l’agence Tap.

Les autorités refusent le dialogue

La lagune de Maamoura fait partie de plusieurs autres lagunes du Cap Bon oriental, qui constituent ensemble une zone humide et un site du réseau Ramsar des zones humides d’importance internationale, selon l’Association des amis des oiseaux (AAO).

Les contestataires ont également, lancé un appel au président de la république et à la cheffe du gouvernement pour identifier une solution à ce problème et interagir favorablement avec les revendications des habitants.

«Nous continuons à protester parce que nous rejetons le projet qui, selon ses initiateurs devrait, protéger la ville des inondations, alors qu’il constitue en réalité une menace pour la région, la lagune de Maamoura et ses abords», a affirmé Mohamed Al-Bannai, membre de l’Association de protection du littoral de Maamoura.

Les habitants ont eu recours à la justice et ont déposé une plainte contre les responsables du projet. Ils poursuivent également, une campagne de collecte de signatures, a-t-il fait savoir, notant que les tentatives de négociation avec les autorités locales et régionales n’ont pas abouti, en raison de l’intransigeance des responsables.

L’activiste a critiqué l’absence de dialogue avec les citoyens pour leur présenter des garanties quant aux répercussions du projet et ce en l’absence d’étude précise sur ses répercussions écologiques et sociales.

Les habitants craignent une catastrophe environnementale

Pour sa part, Abderrahmene Al-Sari, un habitant de Maamoura, a exprimé son étonnement du mépris, dont ont fait preuve les autorités locales et régionales à l’égard des revendications des citoyens de la région, dont la plupart vivent de l’agriculture et de la location de leurs maisons aux estivants pendant l’été.

Les habitants de la région sont déterminés à poursuivre leur lutte pacifique pour arrêter le projet de protection contre les inondations, a affirmé de son coté, Hatem Chiha, un autre habitant de la petite ville.

Le protestataire fait remarquer que Maamoura ne fait pas partie des zones menacées par les inondations, alors que le projet prévoit de lui transférer l’eau de ruissellement, des eaux usées et des eaux industrielles non traitées provenant du voisinage ce qui augure d’une catastrophe environnementale et sociale à la lumière de la destruction et de la pollution attendue de la plage de Maamoura

En 2018, le gouvernorat de Nabeul a connu des inondations désastreuses qui ont fait plusieurs morts et causé des dégâts matériels considérables.

Les pluviométries ont atteint plus de 200 mm dans la région, provoquant l’arrêt de la circulation et isolant le gouvernorat de Nabeul pendant plus de trois heures. Plusieurs maisons ont été inondées et un grand nombre de voitures et de camions ont été emportés par les puissants courants d’eau. Avec le changement climatique ce genre de catastrophe risque de se répéter si aucune mesure de protection n’est prise.

D’après Tap.

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