La déclaration du président de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), Akihiko Tanaka, qui a indiqué, lundi 29 août 2022, à Tunis, que son pays examinera la possibilité d’une assistance financière au profit de la Tunisie, une fois qu’un accord de financement avec le Fonds monétaire international (FMI) sera conclu, a surpris beaucoup de Tunisiens qui s’en sont émus. Akihico Tanaka reçu le 28 août par la cheffe du gouvernement Najla Bouden).
Par Imed Bahri
«L’accord avec le FMI servira de base de discussions avec les institutions financières dont la Jica», a souligné M. Tanaka, lors d’un point de presse, tenu au bureau de l’Agence au terme de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8) qui s’est tenu les 27 et 28 août à Tunis.
Pas d’argent jeté par la fenêtre
«A l’issue de cet accord, la Tunisie sera appelée à mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires. Une fois ces réformes engagées, le Japon sera prédisposé à lui apporter une assistance financière», a ajouté le président de la Jica, qui ne pouvait être plus direct et plus clair : pas d’argent sans engagement ferme à réformer l’économie tunisienne et à la mettre au diapason des évolutions dans le monde !
Ceux qui ont été surpris par cette déclaration méconnaissent les mécanismes de l’aide internationale et croient que celle-ci est «offerte» ou attribuée à la tête du client ou pour des raisons subjectives.
Or, on le sait, cette aide respecte des critères d’éligibilité clairement définis. Et parmi ces critères : les pays en difficulté qui recourent au soutien du FMI, comme c’est le cas aujourd’hui de la Tunisie, conditionnent eux-mêmes toute aide qui leur serait accordée par l’avancement du programme de réformes convenu avec l’organisation financière internationale.
Aide-toi toi-même !
Le Japon, qui va puiser le montant de l’aide dans les caisses de l’Etat japonais, donc dans les poches du contribuable japonais, ne va tout de même pas jeter l’argent par la fenêtre. Il a besoin de garanties et celles-ci sont assurées par la réussite des réformes envisagées, laquelle réussite assure les bailleurs de fonds quant à la capacité du pays bénéficiaire à rembourser les prêts qui lui sont accordés.
Demain, les Tunisiens vont s’entendre dire exactement la même chose par d’autres bailleurs de fonds, multilatéraux et bilatéraux : sans un accord préalable avec le FMI, qui engage le pays dans un processus de réformes structurelles économiques et sociales, aucune aide financière ne sera accordée. Une manière de les appeler à leurs responsabilités et de leur rappeler la fameuse phrase de Nietzsche : «Aide-toi, toi-même : alors tout le monde t’aidera.»
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