Tunisie : malaise profond à la SNCFT

 La Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a annoncé l’annulation de certaines lignes ferroviaires et la modification des gares de départ et d’arrivée pour d’autres. Ce remue-ménage cache en réalité les difficultés profondes que traverse cette entreprise publique.

Selon le secrétaire général de la Fédération générale des chemins de fer, affiliée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) Khemaies Saqr, l’entreprise publique manque de trains suffisants pour assurer toutes ses longues lignes. Elle manque aussi des pièces de rechange nécessaires pour la réparation de ses machines, dont beaucoup sont hors service.

La SNCFT avait annoncé en 2015 la préparation d’un cahier des charges pour l’acquisition de 110 machines, mais les appels d’offres y afférents n’ont abouti à aucun résultat jusqu’à aujourd’hui, a indiqué le responsable syndical dans une déclaration à Mosaïque, aujourd’hui, mardi 6 septembre 2022, tout en s’interrogeant sur les raisons du non-aboutissement de ce marché.

Khémaies Saqr a révélé, par ailleurs, que l’entreprise utilise des équipements datant de 1982, notant en même temps que des équipements ont été acquis en 2007 et 2011 auprès de la Chine et de la France, équipements qui se sont révélés défectueux et qui font l’objet d’enquêtes auprès de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), dont les activités ont été gelées par le président de la république Kaïs Saïed, sans explication d’aucune sorte et sans que l’on sache le sort des enquêtes en cours, puisque tous les employés de l’institution ont été licenciés.

Le responsable syndical a aussi indiqué que 60% des salaires des employés de la SNCFT proviennent du transport du phosphate, mais les sit-in fréquents et continus qui perturbent le trafic ferroviaire causent de grandes pertes à l’entreprise. Ces pertes se sont élevées, au cours des dix dernières années, à 1 100 millions de dinars.

Selon Khemaies Saqr, cette entreprise publique opérant dans le pays depuis 150 ans ferait l’objet d’un plan non avoué de privatisation, laissant ainsi entendre que ses graves difficultés financières sont provoquées.

I. B.

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