La Banque mondiale prévoit un taux de croissance de 2,4% Tunisie en 2022

Avec un taux de croissance prévu de 2,7% en 2022, l’économie tunisienne semble sur une trajectoire de croissance légèrement inférieure à celle qui était précédemment prévue, estime la Banque mondiale (BM), dans un bulletin de conjoncture consacré à l’économie tunisienne rendu public mercredi 7 septembre 2022.

Ce taux sera réalisé, si le rythme de croissance continue, soit 0,8 points de croissance trimestrielle comme c’était le cas, en moyenne entre le deuxième trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022.

Toutefois, si la tendance de reprise pré-guerre se poursuit (1,27 point entre le deuxième trimestre 2021 et le premier trimestre 2022), l’économie pourra réaliser un taux de 3,1%.

Selon le rapport, ce scenario optimiste est, toutefois, moins probable que le premier dans la mesure où l’effet rebond du second semestre de 2021 risque de s’estomper en raison des conséquences de la guerre russo-ukrainienne.

D’après la BM, si la baisse de la demande européenne se confirme et les conséquences des restrictions budgétaires se font sentir à court terme (baisse de la consommation, baisse de l’investissement public), la tendance positive risque de s’inverser et un scenario pessimiste peut conduire à une croissance en 2022 de 2,4%.

Un accroissement du déficit budgétaire en vue

L’accroissement des prix sur les marchés internationaux se traduira par un accroissement du déficit budgétaire, ce qui exacerberait les déficits jumeaux, estime la Banque Mondiale, dans son bulletin de conjoncture spécifique à la Tunisie.

«Vu que le système de subventions maintient les prix aux consommateurs fixes et bas, l’accroissement des prix sur les marchés internationaux ne se traduira probablement pas par une baisse des quantités consommées», estiment les auteurs du rapport.

L’institution mondiale prévoit ainsi une détérioration de la balance commerciale et la balance des paiements à cause de l’augmentation de la valeur des importations qui sera proportionnelle à celle des prix internationaux.

«Si la tendance des importations jusqu’au mois de juillet se confirme, le déficit courant risque d’atteindre 10% du PIB en 2022 au lieu de 6,1% initialement estimés», ajoute la Banque centrale.

Un déficit budgétaire de 9,1% en 2022

D’après la BM, le déficit budgétaire risque d’atteindre 9,1% en 2022, contre 7,4% en 2021. Le déficit primaire pourrait aussi atteindre des niveaux très élevés : 6,2% du PIB en 2022 contre 4,6% en 2021.

L’accroissement des subventions se traduirait par des pressions sur le budget dans la mesure où les autres dépenses, et particulièrement la masse salariale sont incompressibles.

La masse salariale augmentera de 7% en termes nominaux, pour atteindre 14,9% du PIB en 2022 contre 15,4% en 2021.

La compression de la croissance des salaires nominaux est difficilement réalisable vu le niveau de l’inflation qui est plus important que prévu.

Au même moment, le nombre de fonctionnaires restera plus ou moins stable. Le plan de retraite anticipée décidé par le gouvernement peut se traduire par le départ de 25 000 fonctionnaires (3,8% des effectifs).

Cette réduction sera en grande partie compensée par le recrutement de 19 000 nouveaux fonctionnaires (principalement les conséquences de régularisations) dont plus de la moitié bénéficieront aux ministères de la Défense et de l’Intérieur.

Sur le plan de la fiscalité, la BM prévoit une augmentation de 15% des revenus fiscaux, contre 12% en 2021, grâce à quelques mesures pour mobiliser des impôts indirects supplémentaires.

En plus des recettes provenant de l’amnistie fiscale inscrite dans la loi des finances, l’accroissement prévu est expliqué principalement par les impôts indirects grâce à quelques réformes incluant les droits d’accise sur les produits énergétiques, le tabac et les boissons alcoolisés, les droits de douane sur certains produits de consommation finale tels que les téléphones mobiles, alimentation, produits d’hygiène, marbre et parfums, les taxes de circulation, et l’ajustement du prix des cigarettes. Les recettes fiscales continuent ainsi à être dominées par les taxes indirectes et les impôts sur les revenus.

Diminution de 12% des dépenses d’investissement

La Banque mondiale prévoit aussi une diminution de 12% des dépenses d’investissement public en termes nominaux et en proportion des recettes fiscales.

En 2022, les dépenses d’investissement ne représentent que 7,9% des dépenses totales, contre 18,3% en 2017.

«L’usage persistant des dépenses d’investissement comme facteur d’ajustement de l’équilibre budgétaire contribue à la dégradation des services publics et pénalise l’investissement et par la même occasion la croissance dans la mesure où l’investissement public ne représentera que 2,9% du PIB en 2022 contre 5,3% en 2017», lit-on dans le rapport.

Le bailleur de fonds mondial estime, par ailleurs que le financement du budget reste problématique en Tunisie.

La dette atteindra 114 milliards de PIB en 2022, soit 78,3% du PIB contre 82,4% en 2021 (sans considérer la dette des entreprises publiques).

Mesures gouvernementales pour accélérer la reprise

Le gouvernement tunisien a annoncé plusieurs mesures pour soutenir l’économie et l’inclusion sociale, alors que la guerre en Ukraine a exacerbé les difficultés économiques, souligne le document.

Et de préciser que les programmes de stabilisation économique et financière, avec un autre programme de court terme de 43 mesures d’urgence économique annoncé par le gouvernement en avril, ont le potentiel d’avoir un impact significatif sur l’économie si la conception et la mise en œuvre des réformes sont adéquates. 

Les réformes proposées traitent bon nombre de contraintes importantes auxquelles l’économie est confrontée, bien qu’une évaluation complète nécessiterait de connaître les détails des réformes. La mise en œuvre de ces programmes peut également faire face à des défis, comme l’illustre la grève générale des fonctionnaires du secteur public le 16 juin, qui ont également protesté contre les réformes proposées.

Si elles sont conçues et mises en œuvre correctement, les réformes pourraient également faciliter la négociation et la conclusion d’un programme d’aide du Fonds monétaire international (FMI), qui pourrait fournir une précieuse injection de liquidités en devises.

D’après Tap.

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