Les responsables étrangers s’étonnent souvent de voir en face d’eux des responsables tunisiens intelligents, bien informés et au fait de ce qu’il convient de faire pour sortir leur pays de la crise, alors qu’en réalité, sur le terrain, rien des plans qu’ils échafaudent n’avance comme prévu ou convenu avec les bailleurs de fonds.
C’est ce qu’a dû penser le directeur général des opérations de la Banque mondiale, Axel Van Trotsenburg en rencontrant, mardi 11 octobre 2022, à Washington, les ministres de l’Economie et de la Planification, Samir Saied et la ministre des Finances, Sihem Nemsia, mais, diplomatie oblige, il a gardé ses interrogations pour lui-même.
Les médias rapporteront seulement que M. Van Trotsenburg a souligné l’impératif d’engager des réformes fiscales «cruciales» pour «remettre la Tunisie sur sa trajectoire de développement». «Ces réformes sont également nécessaires pour le bien de la population», a-t-il déclaré, dans un tweet posté, à l’issue de ladite réunion qu’il a qualifiée d’«importante». Et d’ajouter que «la Banque mondiale restera aux côtés de la Tunisie afin de faire face à la conjoncture actuelle difficile». Bien entendu, mais la condition de ce soutien a déjà été exprimée clairement : des réformes fiscales qui ne sauraient plus tarder…
Cette réunion s’est déroulée en présence du vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, le Tunisien Ferid Belhaj, qui continue de plaider pour son pays, et en marge des assemblées annuelles 2022 du Fonds Monétaire International (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale qui se tiennent du 10 au 16 octobre courant.
Rappelons qu’une délégation tunisienne de haut niveau conduite par la ministre des Finances, et qui comprend le ministre de l’Economie et de la Planification et Marouane Abassi, le gouverneur de la Banque centrale, participe actuellement à ces assemblées.
Ces rencontres devraient offrir l’occasion aux responsables tunisiens de poursuivre les discussions avec le FMI autour d’un nouvel accord pour un nouveau prêt sur une période de trois ans.
Pour revenir aux réformes fiscales, dont parle M. Van Trotsenburg, on les trouve dans la littérature gouvernementale tunisienne depuis au moins deux décennies, et elles ont même fait l’objet de discussions très animées au sein de l’Assemblée, et tout le monde convenait qu’elles étaient nécessaires. Mais pourquoi, bon sang, n’avancent-elles pas, ou pas selon le rythme requis pour relancer l’économie, et qu’on doit se les faire rappeler, à chaque fois, par nos partenaires étrangers?
Il y a comme quelque chose de pourri dans ce pays, dont tout le monde semble finir par s’accommoder, à commencer par ses dirigeants politiques.
I. B.
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