Rétroviseur : ‘‘Terminator’’, ce film visionnaire…

Le mercredi 26 octobre 2022, ‘‘Terminator’’, le tout premier de la série, a fêté le 38e anniversaire de sa sortie au cinéma; c’était en 1984. Oui, ça ne nous rajeunit pas ! On a beau le caricaturer et en faire un film pour beaufs et stéroïdés au QI très faible. Ce film était novateur pour l’époque, mais nombreux ceux qui pensent qu’il est en train de prendre l’allure d’un film visionnaire.

Par Mohamed Sadok Lejri *

‘‘Terminator’’ a bien vieilli et le temps a rendu justice au scénario prémonitoire de ce film un peu trop méprisé. En effet, les débats qui, aujourd’hui, font rage dans l’opinion autour de l’intelligence artificielle et de la menace nucléaire lui font écho.

L’idée de James Cameron était de montrer les dangers potentiels du développement des technologies d’intelligence artificielle dans le futur. L’élaboration d’une «conscience virtuelle» qui permet aux machines d’agir par elles-mêmes et d’avoir une volonté met en évidence la menace que représente l’affrontement entre deux formes d’intelligence dans un même monde.

En effet, l’homme crée des machines pour le servir, mais s’il parvient à créer des formes d’intelligences virtuelles capables de penser par elles-mêmes, il se fera dépasser par celles-ci, créant ainsi une forme de conflit pouvant engendrer la destruction de l’humanité. C’est ce qui arrive, d’ailleurs, dans ‘‘Terminator’’. La scène où l’on voit des champs de crânes de squelettes humains écrasés par des machines est des plus significatives.

La technologie poussée à l’extrême

Quelques questions s’imposent à nous en regardant ce film : la technologie poussée à l’extrême peut-elle dévorer le monde et causer la perte de l’humanité ? Les machines salutaires d’aujourd’hui peuvent-elles devenir les ennemies de demain ?

L’histoire de ‘‘Terminator’’ est toute simple. Ce film qui inaugure l’une des sagas les plus cultes du septième art nous propulse en 2029, dans un futur apocalyptique, où le monde a été réduit à néant par une guerre nucléaire mondiale déclenchée par les machines. Dans ce décor apocalyptique, les derniers représentants de l’espèce humaine, menés par John Connor, se battent contre des machines programmées pour les détruire.

Les machines, voyant les humains gagner du terrain et s’approcher de la victoire, décident d’envoyer en 1984 un Terminator T-800, un cyborg ultra-sophistiqué ayant parfaitement l’apparence d’un humain. Terminator est programmé pour tuer Sarah Connor, la mère de John Connor, interprétée par Linda Hamilton, afin que ce dernier ne naisse jamais et assurer ainsi la victoire des machines et anéantir la race humaine. Au même moment, Kyle Reese, l’un des résistants humains, interprété par le charismatique Michael Biehn, est également envoyé en 1984 pour sauver Sarah Connor et éliminer le Terminator.

Un chef d’œuvre du genre

‘‘Terminator’’ nous plonge dans les années 1980 grâce aux coupes de cheveux, au look des acteurs et aux chansons très eighties qui se succèdent tout au long du film. Même si les styles vestimentaires et capillaires sont démodés, le film de James Cameron ne sent pas le moisi pour autant.

‘‘Terminator’’ est un des piliers des films de science-fiction, la naïveté des effets spéciaux ne lui fait pas perdre une once de son charme. Il impressionne toujours par sa qualité esthétique, technique – même si ‘‘Terminator 2’’ est techniquement beaucoup plus travaillé et abouti que le premier grâce aux moyens financiers colossaux dont il a bénéficié –, mais aussi par les codes qu’il a inscrits en la matière et qui ont largement contribué à éclore un genre cinématographique assez particulier et tout à fait nouveau pour l’époque ; à savoir le cinéma post-apocalyptique et futuriste.

La confrontation avec les machines créées par l’Homme, l’inévitable destruction de l’homme par l’homme, demeure une question profondément philosophique à laquelle se livrent de plus en plus de penseurs. Toujours est-il que ce film est, depuis sa sortie, victime de simplifications abusives et d’une caricature outrancièrement réductrice, notamment de la part de l’élite parisienne cinéphile qui se complaît dans son nombrilisme et sa suffisance intellectuelle. Bref, ‘‘Terminator’’ est un chef-d’œuvre en son genre qui mérite d’être réhabilité.

P.-S. : Il serait inutile d’insister sur la bande originale du film qui est définitivement passée dans la postérité.

* Universitaire.

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