L’expert économique Mohsen Hassan a estimé que la loi de finances de 2023 (LF2023) soulève de nombreuses questions. «Il s’agit d’une loi vague qui ne se fonde sur une vision économique ou une stratégie de développement dans une conjoncture volatile», a-t-il dit.
L’ancien ministre du Commerce, qui intervenait sur Shems FM, samedi 24 décembre 2022, a indiqué que «cette loi ne contient aucune mesure visant à accélérer la reprise économique», ajoutant qu’elle a un caractère comptable et est dénuée de toute dimension de développement, «ce qui est une grave faiblesse qui se répercute négativement sur l’entreprise et les personnes», a-t-il regretté.
Pour revenir au contenu de ce texte, Mohsen Hassan a indiqué que la taille du budget de l’Etat pour 2023, qui est estimée à 70 milliards de dinars, ne respecte pas les normes applicables dans ce cadre. Ce budget s’élèvera l’année prochaine à 40% du produit intérieur brut (PIB), alors qu’il ne devrait pas normalement dépasser 30%. Cette augmentation de la taille du budget est un indicateur négatif et une indication claire que l’État vit au-dessus de ses moyens et de ses capacités financières.
Quant à l’augmentation de la pression fiscale, Hassan reconnaît qu’elle sera la plus élevée du continent africain et des pays de dimension comparable à celle de la Tunisie. Cette augmentation ne s’inscrit nullement dans une démarche de réforme fiscale et les mesures fiscales contenues dans la LF 2023 pèseront lourdement sur l’entreprise comme sur les particuliers, ce qui est un indicateur de dégradation du climat des affaires en Tunisie.
L’économiste a, par ailleurs, ajouté que la baisse de la subvention des produits de première nécessité et son orientation vers ceux qui la méritent conduira à une augmentation du taux d’inflation, estimé aujourd’hui à près de 10%, et à un effondrement du pouvoir d’achat de la classe moyenne, et pourrait, par conséquent, entraîner des chocs sociaux.
Mohsen Hassan a aussi indiqué que pour financer le budget de l’Etat, le gouvernement recourt de manière excessive à l’endettement, qu’il soit interne ou externe, soulignant qu’au regard de la conjoncture financière mondiale, les financements extérieurs espérés sont loin d’être garanties.
La LF2023 n’est pas conforme aux attentes des citoyens et des entreprises. Par conséquent, le moment est venu d’ajuster les cordes. Si on ne rectifie pas le tir sur les plans économique et financier, l’effondrement sera notre sort à tous.
I. B.
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