L’année 2023 se présente pour la Tunisie comme l’étape ultime d’un cauchemar qui a commencé depuis 2011. Sera-t-elle le point culminant de la spirale dévastatrice ou bien celle du sursaut national pour sauver le pays et entamer la relance?
Par Elyes Kasri *
Ceux qui n’ont rien à offrir militent effrontément pour un énième remaniement gouvernemental comme si cette formule avait donné des résultats positifs depuis 2011.
Au-delà de jeux politiques dont nous ne pouvons que déplorer les retombées néfastes sur la société, l’économie et le scepticisme plus en plus prononcé du peuple tunisien envers le processus démocratique, la situation critique du pays exige, de toute urgence, un changement radical de paradigme en repensant en profondeur le modèle économique et social avec un nouveau rapport entre l’Etat, la société et l’économie.
Il est grand temps de revoir le rôle de l’Etat, le rapport à l’innovation et la création de la richesse, en plus du rétablissement du rayonnement international de la Tunisie.
Notre pays a besoin de mieux d’État avec moins d’interventionnisme et plus de moyens pour préserver la compétitivité et la transparence fiscale, de moins de pouvoir discrétionnaire pour limiter l’arbitraire ainsi que les opportunités de corruption et d’extorsion en tout genre.
Changer de paradigme économique
Loin des situations de rente, des secteurs économiques doivent être ciblés en tenant compte des avantages comparatifs de la Tunisie et des compétences accumulées pour les encourager à plus d’innovation et de valeur ajoutée.
Le paradigme des années 70 d’une main d’œuvre bassement qualifiée en échange de salaires réduits, qui seraient compensés par le trésor public, n’est plus de mise et doit être remplacé par une quête méthodique et systémique de l’innovation et de l’excellence.
Une meilleure gouvernance, une infrastructure plus efficiente et une politique incitative de la qualité et de l’innovation, mèneront à une politique salariale qui conférera une plus grande dynamique au marché de l’emploi et la compétitivité internationale de la Tunisie.
Mettons fin au replâtrage et au bricolage politique et fiscal et posons les questions fondamentales, seules en mesure de nous épargner plus de misère, d’instabilité et d’isolement international.
Ayons l’audace de faire les choix nécessités par le sauvetage et la relance de la Tunisie et ne laissons pas les autres le faire à notre place car le prix risque d’être notre souveraineté et la place de la Tunisie sur la scène internationale.
La Tunisie en a les moyens, faut-il qu’elle en ait la volonté.
Au diable, les faux prophètes !
L’année 2022 s’achève avec son lot de déceptions, de frustrations et de craintes pour l’avenir.
La parenthèse du printemps arabe et de l’illusoire transition démocratique semble se refermer en laissant derrière elle une Tunisie épuisée, désabusée et méconnaissable pour ses partenaires étrangers.
Le peuple tunisien qui s’était pris pour le pionnier de la révolution démocratique dans le monde arabe commence à réaliser qu’il a été victime d’une vaste conspiration qui ne visait que le pouvoir et ses avantages pour une nouvelle classe de faux prophètes, de charlatans de la politique et de l’économie et d’une horde prévaricatrice qui a fini par ruiner le pays et le mettre à la merci de l’assistance internationale pour se soigner, se nourrir et se faire payer des salaires qui fondent comme neige et prennent l’allure d’une monnaie de singe.
L’année 2023 se présente comme l’étape ultime de cette méprise qui a pris l’allure d’un cauchemar depuis 2011. Sera-t-elle le point culminant de la spirale dévastatrice ou bien celle du sursaut national pour sauver le pays et entamer la relance?
L’ère du travail et de l’effort
Beaucoup de facteurs endogènes et exogènes détermineront ce que l’année 2023 sera pour la Tunisie, au premier rang desquels une plus grande vigilance populaire envers les utopies politiques et économiques et la consécration du travail, de l’abnégation et du patriotisme en tant que valeurs suprêmes.
Pour faire de l’année 2023 une année positive pour la Tunisie, arrêtons de croire aux sornettes et aux faux prophètes.
Retroussons les manches et montrons au monde que, tel le phénix, la Tunisie sait renaître après chaque crise, plus forte qu’auparavant.
Bonne année 2023 et qu’elle soit celle du salut et de la relance pour la Tunisie et celle du succès, du bonheur et de la fierté retrouvée pour tous les Tunisiens.
* Ancien ambassadeur.
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