Suite à une plainte déposée par la Watad dans le cadre des investigations menées avec le Comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, le parquet du Pôle antiterroriste a ordonné l’ouverture d’une instruction contre le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi, son fils Mouadh Ghannouchi, l’un des agents de sa garde rapprochée Abdeljalal w El-Ikram ainsi que le vice-président du parti islamiste Ali Larayedh.
C’est ce qu’a annoncé Me Imen Gzara, ce mercredi 8 février 2023, lors de la conférence de presse organisée par le Comité de défense, en précisant que la plainte a été déposée pour «crimes terroristes ayant entraîné la mort par homicide volontaire» et en ajoutant que les investigations menées par la défense ont également permis de révéler des liens entre plusieurs dirigeants islamistes et des membres de l’organisation terroriste Ansar Charia.
Dans le cadre des plaintes visant Ghannouchi, son fils, l’agent de sa garde rapprochée et Ali Larayedh des investigations vont être menées par la direction anti-terroriste à El-Gorjani, a encore précisé Me Gzara.
Concernant Abdeljalal W El-Ikram, l’un des agents de la garde rapprochée de Ghannouchi, l’avocate de la défense a affirmé que ce dernier s’est rendu à Jabhat al-Nosra (affilié à Al-Qaïda de 2013 à 2016, principalement présent dans le nord-ouest de la Syrie), et a été entraîné à l’utilisation des armes Kalachnikov, à Kébili, avec Kamel Gadhgadhi (principal accusé de l’assassinat de Chokri Belaïd, entre autres crimes terroristes et a été abattu en 2014 dans des affrontements avec la police) avec qui il était en contact permanent, a-t-elle affirmé.
Sur un autre plan, l’avocate a affirmé que des accusations ont visé des cadres sécuritaires en affirmant que trois mandats de dépôt ont été émis, dans ce sens, ajoutant qu’une plainte a également été déposée contre l’ancien ministre de l’Intérieur Hichem Fourati, pour avoir présenté des contrevérités relatives à la chambre noire, soit la pièce au siège du ministère de l’Intérieur, où se trouvaient des documents liés aux assassinats et qui n’avaient pas été remis à la justice.
«Plusieurs éléments perquisitionnés lors de la descente au domicile de Mustapha Khedher et des informations importantes liées aux principaux suspects n’avaient été intégrés dans les dossier des assassinats. Ils ne l’ont été que récemment, et ce, après les efforts et la persistance du comité de défense durant de longues années», a déploré Me Gzara, en affirmant que Mustapha Khedher disposait d’éléments précieux, notamment sur Abou Iyadh (chef de l’organisation terroriste Ansar Charia) et les numéros de téléphone de Abboubaker Al-Hakim (impliqué dans l’assassinat de Brahmi), ou encore sur les communications entre Chokri Belaïd et le ministre de la Défense de l’époque Abdelkarim Zbidi.
«Cela veut dire que Chokri était suivi et était visé par un contrôle, mais toutes ces informations ne figuraient pas dans le dossier… Nous ne visons pas de procès populaires ni ne cherchons à lancer des accusations gratuites contre tous… Cependant nous voulons juste que la vérité éclate et que justice soit faite !», a encore lancé Me Gzara.
Rappelons que Larayedh, visé par cette plainte est actuellement en détention, suite au mandat de dépôt a été émis son encontre, le 19 décembre dernier, dans le cadre de l’affaire des réseaux terroristes liés à l’envoi des Tunisiens vers les zones de conflits.
Yûsra Nemlaghi
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