Les autorités tunisiennes ont cru avoir enterré définitivement le litige qui les oppose au fonds d’investissement néerlandais ABCI, à propos de Banque franco-tunisienne (BFT), en décidant la liquidation de cette banque. Or, il n’en est rien…
Par Imed Bahri
En effet, l’affaire, qui a éclaté au milieu des années 1980, est toujours examinée par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) et cette instance internationale d’arbitrage avait rendu, en juillet 2017, un verdict condamnant l’Etat tunisien à propos de la propriété de cette banque, dont la majorité du capital avait été acquise par l’ABCI qui en avait par la suite été dépossédé.
Aux dernières nouvelles, la date de clôture des plaidoiries a été fixée au 28 février 2023. Il reste donc à l’Etat tunisien et à ABCI quatre jours pour présenter, le cas échéant et si besoin, les derniers documents ou arguments à l’appui de leurs positions respectives. Car, après la clôture des plaidoiries, les magistrats vont devoir procéder aux délibérations finales et rendre un verdict définitif que les deux parties vont devoir respecter, au risque de perdre toute crédibilité. Et pour un Etat comme la Tunisie qui cherche désespérément à attirer des investissements extérieurs pour relancer son économie en berne, une condamnation – qui semble de plus en plus probable, eu égard le premier verdict de 2017 – pourrait être fatale, en ce qu’elle lui retirerait toute confiance au regard des investisseurs internationaux.
Les autorités tunisiennes savent, depuis les dernières plaidoiries auxquelles elles ont pris part en novembre 2022, que le dernier délai pour le règlement de l’affaire est fixé au 28 février courant. Et en cas de manquement, elles n’auront aucune justification: elles ne pourront pas, en tout cas, affirmer qu’elles n’étaient pas informées à temps ou qu’elles n’ont pas eu le temps de se préparer.
En cas de sanction financière infligée à l’Etat tunisien, qui pourrait s’élever, selon les experts, à plus d’un milliard de dollars, ce seront nous autres, pauvres contribuables, qui devront casquer… pour une poignée d’hommes d’affaires corrompus qui ont pillé une banque et l’ont poussée à la faillite.
On aimerait bien entendre le président de la république Kaïs Saïed à propos de cette affaire, lui qui nous rebat les oreilles depuis 2019 par sa soi-disant lutte contre la corruption. Or, jusque-là, les grands corrompus de ce pays qui ont fait couler la BFT continuent de se la couler douce. Et pour cause : c’est l’Etat qui veille sur leurs intérêts, remplit leurs poches et fait saigner les contribuables.
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