Avec la guerre du Golfe de 1991, le mythe de la solidarité arabe vola en éclat à tout jamais tout comme la puissance militaire et de l’intégrité territoriale de l’Irak. C’est ainsi que le socialisme laïc panarabe du Baath qui servait de paravent aux ambitions de Saddam, et l’exportation de la révolution islamique qui masquait celles de Rafsanjani, ont fait le lit de l’occupation militaire américaine de la région, que le terrorisme ne fera plus tard que consolider.
Par Dr Mounir Hanablia *
La guerre Iran Irak a duré 8 ans et a opposé ces deux importants pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient qui d’une certaine manière avaient les moyens de la mener, ou de susciter les solidarités nécessaires pour le faire.
Il y a bien eu une solidarité des États arabes du Golfe, mais seule la crainte de la contagion révolutionnaire iranienne la suscita.
La Syrie et la Libye se rangèrent du côté de l’Iran et empêchèrent la constitution d’un front uni arabe.
L’Irak a pu tenir parce que les Etats du Golfe arabo persique lui ont apporté les soutiens financier et diplomatique nécessaires à sa poursuite jusqu’à son terme, qui n’était autre que l’acceptation du cessez-le-feu, exigé par la communauté internationale, par l’Iran et le retour au «statu quo ante bellum».
Une guerre désastreuse
Cette guerre fut néanmoins désastreuse pour les deux belligérants parce qu’elle aboutit à la destruction de leurs villes et de leurs installations pétrolières, ainsi que pour l’Iran, à des pertes importantes et inutiles, frappant principalement la jeunesse, sacrifiée dans la tactique des vagues humaines inspirée de l’idéologie chiite du martyr.
Si Saddam fut bien le responsable du conflit, on ignore toujours s’il en fut l’instigateur.
Comme d’habitude les soupçons se portent évidemment sur les Etats Unis d’Amérique, et le rôle ultérieur avéré qu’ils ont joué dans le déclenchement de la première guerre du Golfe rend cette hypothèse d’autant plus vraisemblable qu’un sérieux contentieux, celui des otages de leur ambassade, les avait opposés au régime révolutionnaire iranien qui en outre prétendait renverser les monarchies pétrolières et menacer la sécurité des approvisionnements.
Néanmoins, dès 1982, alors que l’armée irakienne subissait ses premiers revers sérieux, elle avait évacué le territoire iranien et Saddam Hussein avait réclamé la fin des hostilités, le seul contentieux restant en suspens étant le statut du Chatt El Arab.
C’est donc le régime iranien qui a choisi la poursuite de la guerre, et en réalité celle-ci servait les intérêts d’une caste cléricale éliminant tous ses opposants.
Deux hommes partagent particulièrement la responsabilité du désastre, Hachemi Rafsanjani, le président du parlement, le promoteur de la sinistre tactique des vagues humaines finissant hachées menu par l’armée irakienne bien armée et retranchée, et Ali Khamenei, le futur guide de la Révolution.
Les combats terrestres souvent horribles se sont déroulés des montagnes du Kurdistan jusqu’aux marécages du Khouzistan, et les Iraniens n’ont pas pu faire la décision malgré une soixantaine d’offensives majeures repoussées finalement par les soldats irakiens. On a prétendu que ces derniers avaient déchiffré le code secret de leurs adversaires mais le plus probable est que les Américains les informaient de leurs mouvements et intentions.
Le mythe de la solidarité arabe vole en éclat
En fin de compte, c’est la guerre aérienne contre les pétroliers se fournissant en pétrole iranien, la plus grande facilité des Irakiens à acquérir des avions de combat performants et des missiles, et l’engagement militaire américain de plus en plus marqué contre l’Iran dans les eaux du Golfe, qui ont fait la différence.
Mais à la fin de la guerre, en 1988, l’Iran étant battu, Saddam s’est retrouvé surendetté avec une armée pléthorique et surpuissante que, avec l’effondrement (provoqué) des prix des hydrocarbures, il ne pouvait plus financer. La suite on la connaît.
Avec la guerre du Golfe de 1991, le mythe de la solidarité arabe vola en éclat à tout jamais tout comme la puissance militaire et de l’intégrité territoriale de l’Irak. C’est ainsi que le socialisme laïc panarabe du Baath qui servait de paravent aux ambitions de Saddam, et l’exportation de la révolution islamique qui masquait celles de Rafsanjani, ont fait le lit de l’occupation militaire américaine de la région, que le terrorisme ne fera plus tard que consolider.
* Médecin de libre pratique.
‘‘La guerre Iran-Irak : Première guerre du Golfe 1980-1988’’, de Pierre Razoux, éd. Perrin, Paris 2013, 616 pages.
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