Journée de l’Atuge à la Maison de Tunisie à Paris

Samedi 3 juin 2023. Une journée bien particulière mise sous le signe de la culture et de la convivialité au service de la Tunisie s’est déroulée au Pavillon Bourguiba, dépendance de la Maison de Tunisie, située en plein cœur de la Cité Universitaire de Paris.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lozato

Avec la bénédiction de son directeur Tahar Battikh et de sa responsable du service culturel Khaouther Errachid, l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) a organisé un événement pour promouvoir la vie artistique tunisienne, une initiative à la fois culturelle et caritative puisque les fonds récoltés serviront à porter assistance aux étudiants tunisiens les plus méritants. Avec des tableaux exposés, mis en vente et expliqués. Ainsi que la projection d’un film intitulé ‘‘Manca Moro’’, présentant l’histoire des Siciliens établis en Tunisie, en présence de sa réalisatrice Rim Temimi.

Parmi toutes les personnes conviées, signalons la présence bien utile de membres de l’Association des anciens lycéens français de Tunisie (AAFLT), comme son président Pascal Fleury et son trésorier Claude Sfez. Celle de Basma Farhoud, collaboratrice de la cinéaste et membre du conseil d’administration de l’Atuge, au sein de l’équipe de gouvernance de projet de la Fondation Atuge. Enfin, il convient de signaler une personnalité tout aussi importante, qui a su consolider ou créer des liens nécessaires à l’épanouissement culturel: la présidente de l’Atuge France, Rihab Hafidhi, quez nous avons interviewée pour l’occasion.

Kapitalis : Comment aimeriez-vous qu’on vous présente à nos lecteurs?

Rihab Hafidhi : Le plus simplement du monde. Je suis une citoyenne tunisienne qui réside et travaille en France. J’ai été élue présidente de l’Aruge, et donc de sa section France. Il s’agit d’une association à but non lucratif créée en 1990. Notre mission consiste à assurer l’accueil des étudiants boursiers tunisiens. Notre activité s’est considérablement élargie depuis 1990 puisque nous comptons 8000 membres répartis entre la France, le Royaume-Uni et la Tunisie.

Quelles sont vos principales passerelles?

En fait, elles sont variées. Aussi bien des sociétés, que des structures consacrées à l’enseignement supérieur ou à la vie culturelle. Par exemple, il nous est arrivé de développer quelques partenariats avec Sciences Po Paris.

Comment vous est venue l’envie de participer à une telle aventure? Un lien avec votre parcours personnel?

Etant venue à l’origine de Tunisie, donc de l’étranger, pour poursuivre mes études en France, je connais le problème et j’ai eu  envie de continuer à m’y pencher une fois mes études terminées.

J’étais effectivement arrivée comme boursière. Dès 2012, j’ai dû assumer un rythme poussé pour étudier en CPGE puis en cycle d’ingénieur informatique pour ensuite incorporer le monde de la finance. Disons qu’à partir de 2017/2018, j’ai intégré la vie professionnelle à part entière en remplissant la fonction de chef de projet par rapport à ce qui relevait de la transformation digitale en liaison avec la finance.

En parallèle, je suis entrée à l’Atuge pour accomplir divers rôles de responsable jusqu’à mon élection en tant que présidente.

Comment définissez-vous les relations avec vitre pays d’origine, à travers la vision de l’Atuge?

Il y a une évidente proximité historique entre les deux pays depuis plus d’un siècle. Maintenir ce lien est très important. Les deux écosystèmes doivent apprendre à fonctionner ensemble. Puis, plus précisément, nous à l’Atuge devons veiller à consolider les bases d’un focus se concentrant d’abord sur le culturel, mais ensuite se concentrant sur l’exploitation d’un volet de création d’opportunités de business. Ainsi l’économie peut être un départ aussi bien qu’une finalité.

Voilà pourquoi l’initiative d’aujourd’hui est en accord avec l’Atuge. Avec un film consacré au passé, à l’exil. Pourquoi ce choix?

Tellement de choses sont intervenues pour ce choix. D’abord le choix du film d’une réalisatrice tunisienne. Et puis le thème est proche de l’émigration forcée des Tunisiens, avec une amplification du phénomène depuis onze ans.

Alors, que conseiller aux jeunes Tunisiens: voyage ou exil?

En tant que citoyenne mais aussi en tant que représentante de l’Atuge, je dis qu’il faut savoir distinguer les choix, les priorités et les façons de décider.

L’étranger c’est une bonne expérience de découverte, d’observation que ce soit en voyage ou en séjour longue durée. Visiter c’est élargir son horizon. Mais attention, il ne faut pas rompre avec ses racines. On travaille justement en ce sens en tant que facilitateurs du retour des Tunisiens au pays pour entrer dans la vie active, pour aider dans des projets  et pour investir. Justement, j’en profite pour annoncer l’organisation d’une journée spéciale de la Fondation le 14 octobre 2023 à Sciences Po. La thématique sera le rôle de la diaspora dans le dynamisme du pays.

Quels autres pays en dehors de la France avez-vous visités?

Le Royaume-Uni pour raisons professionnelles essentiellement, je m’y rends fréquemment pour le travail. Ensuite l’Allemagne, la Croatie, l’Espagne, la Grèce, l’Italie et la Serbie.

Un pays en particulier a-t-il retenu votre attention?

C’est incontestablement l’Italie. Elle a retenu mon attention et mes faveurs. Je l’ai visitée plusieurs fois. J’apprécie surtout Amalfi et la Toscane. Là-bas on a l’impression qu’une seule grande vague vous submerge : l’art, les églises magnifiques, les paysages ensorcelants, une cuisine délicieuse. Et le rapport au temps n’est pas vécu comme en Angleterre ou en France. Le peuple italien me paraît assez spécial, pas comme les autres : latin, sympathique mais fier, avec pas mal d’humour aussi.

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