Le mémorandum d’accord sur la migration entre la Tunisie et l’Union européenne devant être signé ce dimanche 16 juillet 2023 au Palais de Carthage ne fait pas l’unanimité au nord de la Méditerranée où beaucoup de parlementaires européens l’ont dénoncé en des termes fermes.
C’est le cas de l’eurodéputé vert français Mounir Satouri, qui a déclaré : «Nous voudrons remettre la démocratie et les droits de l’homme au centre de tout accord avec la Tunisie», ajoutant qu’il n’était pas juste que la Tunisie reçoive «un milliard d’euros sur un plateau d’argent». «Cela ne peut pas arriver», a-t-il insisté, soulignant le rôle du Parlement européen en tant que co-législateur de l’UE.
«L’Union européenne ne peut être partie prenante, complice de l’effondrement de la démocratie tunisienne par le président Saïed. Nous avons besoin que toutes les institutions européennes soient unies dans notre appel et que l’argent débloqué soit conditionné au plein respect des droits de l’homme, de la démocratie et bien sûr de l’État de droit», a déclaré, de son côté, Matjaž Nemec, député européen de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (centre-gauche), ajoutant que le Parlement européen soutient le peuple tunisien et les migrants confrontés à des abus.
Le député de centre-droit Michael Gahler a regretté, quant à lui, ce qu’il a qualifié de «retour à une situation de Ben Ali», regrettant que l’UE ait laissé cela se produire.
Karen Melchior, membre de Renew, a exhorté la Commission européenne et les États à respecter les principes fondateurs de l’UE dans leur engagement avec la Tunisie, en appelant comme ses collègues à la «libération urgente des opposants détenus arbitrairement».
Cependant, et contrairement au Parlement, la Commission et le Conseil européens n’ont pas fait preuve d’inquiétude quant à la détérioration de la situation générale en Tunisie. Au contraire, ils semblent obsédés par l’obtention de la coopération de la Tunisie en matière de contrôle des migrations.
On a donc pu entendre les avis des parlementaires européens sur le projet d’accord sur la migration en négociation entre Tunis et Bruxelles. Pour ce qui est de leurs homologues tunisiens, on ne les a pas encore entendus. Ils ont été exclus du débat, à moins qu’ils ne se soient exclus eux-mêmes. En tout cas ils roupillent, ou regardent ailleurs, pris dans la torpeur de la canicule estivale.
I. B.
Donnez votre avis