Trente et un (31) substances actives de pesticides à usage agricole classées hautement dangereux (HHPs) et figurant sur la liste de l’ONG internationale Pesticide Action Network (PAN), ont été enfin retirées du marché tunisien.
C’est ce qu’a récemment fait savoir le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, cité par l’agence Tap, ajoutant que ces substances sont interdites en Europe, principal marché des produits agricoles tunisiens, et dans d’autres pays du monde.
Six autres substances actives ont fait l’objet de restrictions d’usage, ajoute-t-on aussi, en expliquant que cette décision de retrait et de restriction d’’usage, entrée en vigueur le 13 juillet 2023, intervient sur décision de la commission technique chargée de l’étude des pesticides à usage agricole, réunie le 19 avril 2023, au siège de la Direction générale de la santé végétale et du contrôle des intrants agricoles (DGSVCIA).
Ladite commission se conforme ainsi aux dispositions de la Loi n°92-72 du 3 août 1992 portant refonte de la législation relative à la protection des végétaux, indique la DGSVCIA, dans un communiqué.
Selon les tableaux publiés par cette direction, il s’agit essentiellement de 10 insecticides, 11 fongicides, 2 herbicides, 7 substances actives, 3 nematicides en plus des 6 substances actives qui ont fait l’objet de restrictions d’usage.
Pour mémoire, une enquête d’Unearthed, une entité de Greenpeace et Public Eye, menée début 2023, avait révélé que des entreprises européennes ont notifié avoir exporté, au cours du deuxième semestre 2022, plus de 380 tonnes d’insecticides à base de chlorpyrifos interdits sur le territoire européen vers des pays dont, la Tunisie, l’Algérie, le Kazakhstan, le Bangladesh, le Pakistan et le Costa Rica.
Ces mêmes entreprises prévoient d’expédier des quantités similaires cette année, soulignaient les deux ONG, affirmant avoir obtenu des documents prouvant ces faits conformément aux lois sur la liberté d’information.
L’enquête révèle pour la première fois que l’Europe continue d’exporter du chlorpyrifos depuis que son utilisation a été interdite dans l’UE en 2020, après des années de campagne menée par des groupes de défense de la santé et de l’environnement.
D’après Unearthed, la Tunisie était, en 2022, le deuxième marché, en volume, pour les exportations de chlorpyrifos de l’UE. «Le pays était la destination prévue de 70 tonnes d’insecticides à base de chlorpyrifos et de Pyrical 480 (insecticide qui agit par contact et ingestion), exportés de Belgique».
La société belge, Arysta LifeScience Benelux, filiale du géant des pesticides UPL, prévoit d’envoyer à nouveau la même quantité en Tunisie cette année, selon la même source. Le chlorpyrifos a été interdit dans les champs de l’UE en raison de preuves scientifiques indiquant qu’il provoquait des «effets néfastes sur le développement neurologique des enfants». L’exposition à ce pesticide nuit aux jeunes enfants et aux bébés dans l’utérus, selon des recherches. Un lien a également été établi entre l’exposition au produit chimique avant la naissance et les retards de développement, l’autisme et la réduction du quotient intellectuel, selon Unearthed.greenpeace.org.
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