Récemment, Jacques Attali a évoqué la situation de l’Afrique en prédisant des décennies catastrophiques à venir pour le continent. Cependant, il est important de se demander si ces prédictions se traduiront par une crise pour l’Afrique elle-même ou plutôt pour l’Europe en général et la France en particulier.
Par Khémaïs Gharbi *
Cette réflexion nous amène à examiner le rôle persistant de ces anciennes puissances coloniales, leur aide économique, financière et militaire, ainsi que l’impact de la démocratie sur la dynamique africaine.
Le diagnostic Attali : l’ancien conseiller spécial du président François Mitterrand souligne la vulnérabilité de l’Afrique, prévoyant des années difficiles à venir. Ses avertissements ne doivent pas être ignorés, mais une question fondamentale se pose : qui est vraiment en danger ici, l’Afrique ou ses anciennes puissances coloniales qui continuent d’intervenir dans la gestion de ses affaires?
Le rôle de l’Europe et de la France : l’Europe, et en particulier la France, maintiennent leur influence sur l’Afrique grâce à des aides économiques et financières massives, ainsi qu’à une présence militaire. Cette situation pose des questions sur la véritable indépendance et souveraineté de l’Afrique, ainsi que sur la nature de sa relation avec ces puissances tutélaires.
L’insistance de l’aide étrangère : il est crucial de noter que ces pays étrangers s’accrochent obstinément à leur aide, même lorsque celle-ci est rejetée par certains pays africains. Cette attitude soulève des questions sur les motivations réelles derrière cette assistance et suscite des inquiétudes quant à la poursuite du néocolonialisme.
La démocratie en question : la démocratie est souvent perçue en Afrique comme un legs de la colonisation européenne. Cependant, il est nécessaire de se demander si l’application de ce modèle politique correspond véritablement aux besoins et aux réalités africaines. Et s’il ne faut pas le modeler et l’adapter aux réalités du continent afin qu’il soit fonctionnel et revendiqué par les populations locales.
L’impact de la démocratie : l’introduction de la démocratie en Afrique a ouvert de nouvelles perspectives vers l’extérieur, mais a également fragilisé les dirigeants africains. Ils ont été confrontés à de nouveaux défis, notamment la pression de groupes néocoloniaux, ce qui a eu un impact sur leur capacité à diriger efficacement et à développer leurs pays. La situation actuelle de Mohamed Bazoum au Niger, président élu et destitué par les militaires, en est une belle illustration.
Il est temps de repenser la relation entre l’Afrique et les puissances étrangères. L’indépendance politique ne suffit pas si l’Afrique reste dépendante économiquement et militairement. De plus, la démocratie doit être adaptée aux réalités africaines pour permettre au continent de se redresser. L’Afrique aux Africains ne doit pas être qu’un slogan, mais une réalité à construire avec prudence et détermination.
* Enseignant supérieur à la retraite, Bruxelles.
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