Tunisie – Union européenne : Business as usual…

Après le coup de poing, le bonbon, comme dit le proverbe bien de chez nous. Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, a rencontré vendredi 15 septembre 2023 les ambassadeurs des pays de l’Union européenne en Tunisie. (Illustration : les ambassadeurs européens, tout sourire, entourant le chef de la diplomatie tunisienne).

Par Imed Bahri

Cette rencontre a eu lieu deux jours après qu’un groupe de députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, dirigé par l’Allemand Michael Gahler, s’est vu interdire l’entrée en Tunisie, décision qui a suscité de vives réactions à Bruxelles et Strasbourg, au moment où le mémorandum d’accord sur la migration entre la Tunisie et l’Union européenne alimentait les débats au nord de la Méditerranée.   

L’urgence : apaiser les tensions

La réunion d’hier, qui visait à dissiper les nuages de l’incompréhension encombrant le ciel des relations entre Tunis et Bruxelles, a discuté de la réalité du partenariat entre la Tunisie et l’UE et des moyens de le renforcer à la lumière du mémorandum d’accord sur un partenariat stratégique et global signé en Tunisie le 16 juillet, indique un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères, ajoutant que la rencontre s’est déroulée à la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Tunis, dont le pays assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE.

Le communiqué précise, par ailleurs, que la rencontre s’inscrit dans le cadre des réunions régulières avec les différents groupes régionaux d’ambassadeurs accrédités en Tunisie, mais personne n’est dupe : son timing était imposé par les tensions ayant marqué récemment les relations entre les deux parties, la Tunisie – qui a besoin de l’aide européenne – rejette en même temps ce qu’elle considère comme des «ingérences» européennes dans ses affaires intérieures. Traduire : toute déclaration des responsables européens sur la situation des droits et des libertés en Tunisie.   

Selon le communiqué du Nord-Hilton, «la rencontre a été une nouvelle occasion de saluer les excellentes relations et le partenariat entre la Tunisie et l’UE et de souligner l’engagement des parties à les renforcer afin de faire face à des défis communs et sans précédent».

Des partenaires aux destins imbriqués

Le ministre des Affaires étrangères a également échangé des points de vue avec les ambassadeurs européens sur les développements régionaux et internationaux d’intérêt commun, ainsi que sur les questions inscrites à l’ordre du jour de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies, ajoute le communiqué, dans une parfaite langue de bois qui semble convenir aux chefs des représentations diplomatiques européennes accrédités à Tunis qui sont plus soucieux de fermer la parenthèse de ce qu’ils considèrent comme une saute d’humeur passagère de leurs hôtes.

Tout est bien donc qui finit bien. Business as usual… L’essentiel n’est-il pas de finaliser au plus vite le mémorandum d’accord sur la migration, au moment où les flux des migrants arrivés à Lampedusa explosent…

Bien sûr, il se trouvera toujours au nord de la Méditerranée un parlementaire bien pensant pour mettre le pied dans le plat en évoquant la dérive autoritaire du régime en place en Tunisie, mais cela ne devrait pas empêcher des partenaires historiques aux destins aussi imbriqués de continuer de s’entendre et de coopérer…

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