La Russie pourra-t-elle devenir le principal partenaire économique de la Tunisie dans les domaines de l’aide au développement, des exportations, de l’investissement, du transfert de technologies et du tourisme, comme l’espèrent certains ?
Par Elyes Kasri *
Le statut d’allié majeur des Etats-Unis d’Amérique non membre de l’Otan n’a pas empêché les relations et la coopération tuniso-américaines de subir un froid polaire. De même, le mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global a rapidement abouti à une crise avec l’Europe et à l’interdiction de séjour en Tunisie de députés et le report d’une visite de responsables exécutifs européens.
Après le niet clair de la Chine et des pays riches du Golfe, en dépit de quelques amabilités purement protocolaires, de servir d’alternative au Fonds monétaire international (FMI) – que la Tunisie sollicite depuis plus d’un an pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, Ndlr –, il ne reste plus qu’à espérer que – après la visite officielle effectuée mardi 26 et mercredi 27 septembre 2023, à Moscou, par le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar à l’invitation de son homologue russe, Ndlr –, les dernières tentatives en direction de ce pays connaîtront un meilleur sort et un dénouement plus concret.
L’enthousiasme que procure l’énergie du désespoir pourrait faire croire que la Russie, en dépit des défis et sanctions considérables auxquels elle se trouve confrontée à la suite de son «opération spéciale» en Ukraine, nous aidera à trouver les moyens, en plus de la conquête de l’espace (dont il a été aussi question lors de la rencontre d’hier à Moscou, Ndlr), de remplacer l’Europe en tant que principal partenaire économique de la Tunisie dans les domaines de l’aide au développement, des exportations, de l’investissement, du transfert de technologies et du tourisme.
Il y a lieu d’espérer que ce tilt vers la Russie dans cette conjoncture internationale de polarisation géostratégique et de crise généralisée sortira enfin la Tunisie de sa crise et de son isolement international.
Le doute est permis et le réveil pourrait s’avérer brutal.
(A ce propos, il ne faut surtout pas perdre de vue un fait important : la Tunisie réalise ses deux plus importants déficits commerciaux avec la Chine et la Russie, qui ne lui achètent pratiquement rien, et ses plus importants excédents commerciaux avec les pays de l’Union européenne, qui représentent plus de 70% de ses échanges et de ses sources de revenus extérieurs : exportations, tourisme et envois de fonds des expatriés, Ndlr).
* Ancien ambassadeur.
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