Lorsque vous n’avez pas de solution à un problème ou que vous voudriez en renvoyer la solution aux calendes grecques, il suffit de créer une énième commission pour s’en occuper. Ce n’est pas le Premier ministre tunisien qui a inventé cette règle mais il ne se prive pas de l’appliquer lui aussi.
Par Imed Bahri
Lors d’une séance de travail ministérielle, lundi 30 octobre 2023, au Palais de la Kasbah, Ahmed Hachani a décidé de créer un comité de pilotage interne au sein de la présidence du gouvernement pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les banques à participation publique, le but étant, selon le communiqué du gouvernement, «de permettre à ces banques de retrouver leur rôle d’institutions financières durables, capables de soutenir l’économie et d’investir à long et moyen terme».
La séance de travail, qui s’est déroulée en présence de la ministre des Finances Sihem Nemsia Boughdiri et du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane Abassi, a passé en revue les scénarios proposés pour la gestion de l’actionnariat public dans ces institutions financières. «Hachani a souligné la nécessité de préserver le capital de ces banques et a appelé à examiner leur situation au cas par cas, tout en trouvant des solutions aux difficultés financières auxquelles elles sont confrontées», lit-on aussi dans le communiqué.
Des résistances politiques
Voilà pour l’information, restent les interrogations qu’elle ne manque pas de susciter. En effet, les problèmes dont souffrent les banques publiques sont largement connus, et depuis belle lurette. Elles ont d’ailleurs fait l’objet de plusieurs réformettes, au cours des vingt dernières années, notamment au niveau de la gouvernance, mais la situation financière de ces établissements ne s’est pas beaucoup améliorée et ils n’ont non plus gagné en efficacité.
Des études sectorielles ont été réalisées et des solutions préconisées par les experts, nationaux et internationaux, mais des résistances ont persisté, notamment d’ordre politique, qui ont empêché d’aller plus loin dans le processus d’assainissement et de modernisation. Ces études, ces solutions et ces propositions de réformes sont connues de tous les responsables du système bancaire tunisien, qu’attend-on pour les mettre en œuvre ?
Est-ce que la situation difficile de ces banques et l’état catastrophique de notre économie peuvent encore supporter ce renvoi permanent des solutions aux problèmes auxquels les opérateurs et les citoyens sont confrontés quotidiennement.
Quel rôle pour l’Etat ?
Ces problèmes pourraient connaître un début de solution le jour où l’Etat se résigne enfin à desserrer son étreinte sur la société, à lâcher du lest et à laisser le marché se déployer selon ses mécanismes propres, tout en se contentant de jouer son rôle de régulateur légal au service d’une meilleure justice sociale, d’une plus grande équité entre les opérateurs et d’un mieux vivre pour les citoyens.
Messieurs les bureaucrates, brisez les chaînes qui enserrent l’économie nationale, ouvrez les fenêtres, faites entrer de l’air pur et redonnez confiance aux opérateurs et goût aux citoyens pour participer à l’effort de redressement national. Et si c’étaient vos commissions, vos comités, vos task-forces et vos soi-disant conseillers qui, par leur zèle déplacé, bloquaient tout… pour se rendre indispensables.
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