La présidente du Parti de la 3e République, Olfa Hamdi, a des qualités qui ressemblent beaucoup à des défauts : elle est très ambitieuse, ne se doute de rien et s’y voit déjà, c’est-à-dire à la magistrature suprême. C’est carrément de la folie…
Par Imed Bahri
Ne vient-elle pas d’annoncer sa candidature aux prochaines élections présidentielles, devant se tenir à l’automne 2024, mais dont les dates exactes n’ont pas encore été fixées par le président Kaïs Saïed ?
Cette annonce a été faite dans un communiqué où elle affirme que le président de la république n’a pas de solutions pour sortir la Tunisie de la crise où elle s’enfonce chaque jour un peu plus. Ce diagnostic est certes partagé par beaucoup de Tunisiennes et de Tunisiens, mais de là à prétendre présenter elle-même «une vision politique alternative» pour garantir «un avenir économique meilleur» et «répondre aux aspirations des Tunisiens à l’unité, à la prospérité et à la sécurité», c’est un peu fort de café, venant surtout de Olfa Hamdi, qui a souvent débité des inepties ayant l’indulgence ou le mépris du public.
Propulsée par le mouvement Ennahdha
Pour porter sa candidature, Mme Hamdi a annoncé dans son communiqué le lancement d’«un large dialogue ouvert à tous les Tunisiens du pays et de l’étranger», afin de «construire une large coalition pour garantir une transition politique apaisée et réussie dans le cadre des prochaines élections présidentielles».
«En 2011, le peuple tunisien a recouvré sa liberté et, en défendant ses droits, a rejeté l’autocratie sous toutes ses formes», a aussi indiqué la candidate à la candidature dans son communiqué. «C’est dans le cadre de cette liberté de choix que j’accepte la nomination du Conseil national du parti pour se présenter aux prochaines élections présidentielles», a-t-elle ajouté.
On ne peut certes renier à Mme Hamdi le droit de présenter sa candidature à n’importer quelle responsabilité publique, mais on est en droit également d’exiger un minimum de compétence, de densité intellectuelle et de qualités morales de n’importe quel candidat. Or, Mme Hamdi a brillé, au cours de sa courte carrière politique, par ses bourdes retentissantes. Son bref passage à la tête de la compagnie Tunisair, par exemple, a été une catastrophe : parachutée par le parti Ennahdha à la tête d’une compagnie nationale en pleine crise, il lui a fallu quelques semaines pour la transformer en un véritable merdier. C’était la seule responsabilité qu’elle a assumée et on ne peut pas dire qu’elle y a montré des talents particuliers de gouvernance pour qu’on coure aujourd’hui le risque de lui livrer les destinées d’un pays en pleine crise lui aussi.
Boîte vide pour de grosses ambitions
Par ailleurs, le Parti de la 3e République que Mme Hamdi prétend diriger est une boîte vide, une simple adresse sans existence réelle. Les journalistes n’ont jamais eu l’honneur de couvrir l’une des réunions de ses instances, qui n’existent tout simplement pas. En tout cas, in n’a pas été invité à assister au fameux Conseil national qui aurait proposé sa candidature à la prochaine présidentielle. A-t-il vraiment eu lieu ? Où et quand ?
Mme Hamdi est, au mieux, une bonne comédienne, qui pose devant les caméras et prend des airs, mais les postures, on le sait, sont le plus court chemin vers les impostures.
Le poste de président de la république à certes été démonétisé en Tunisie à tel point que tout le monde peut désormais y postuler, mais il y a tout de même un minimum vital exigé que notre candidate à la candidature ne possède clairement pas. Et ce n’est pas lui faire offense que de le penser et de le dire tout haut afin d’ouvrir les yeux des Tunisiens et leur éviter un autre mauvais choix, et Dieu sait qu’ils en ont fait au cours des dix dernières années qu’ils n’ont pas cessé de s’en mordre les doigts.
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