Un vétérinaire privé a découvert il y a quinze jours un foyer de fièvre aphteuse bovine dans la localité de Bir Chellouf à Nabeul. La Tunisie est-elle devenue le berceau de pathologies animales graves telles que la tuberculose, la rage, la peste des petits ruminants, la brucellose, la fièvre de la vallée du rift… ?
Par Dr Vet. Mohamed Nejib Bouslema *
En matière de santé publique vétérinaire, la Tunisie a connu plusieurs périodes. Après avoir été reconnue par l’Organisation mondiale de la santé animale comme «pays indemne de fièvre aphteuse», distinction que nous devons en grande partie à l’instauration, en 2006, du mandat sanitaire qui scella un partenariat synergique entre les acteurs publics et privés de la santé animale, notre Tunisie est devenue le berceau de pathologies animales graves telles que la tuberculose, la rage, la peste des petits ruminants, la brucellose, la fièvre de la vallée du rift…
Un foyer de fièvre aphteuse à Nabeul
C’est avec beaucoup de regret que nous rapportons l’apparition d’un foyer de fièvre aphteuse bovine dans la localité de Bir Chellouf à Nabeul, découvert par un confrère privé depuis au moins quinze jours et qui n’a été déclarée par l’autorité sanitaire que tardivement.
L’information aurait dû être immédiatement partagée par l’administration sanitaire avec les vétérinaires privés mandatés afin d’anticiper une éventuelle contagion et entreprendre le programme de vaccination de façon à couvrir toute la zone du foyer en question.
Le territoire infecté, qui aurait dû être couvert par les services publics durant la campagne 2023, ne l’a pas été, et cela, malgré la disponibilité en grande quantité du vaccin contre la fièvre aphteuse et la disposition des vétérinaires de libre pratique à engager gratuitement une campagne de vaccination dans le cadre du mandat sanitaire comme ils l’avaient déjà fait auparavant à Nabeul, Jendouba… Ceci aurait probablement empêché l’apparition de la maladie. Cette situation n’est pas nouvelle.
Déjà en 2020 et 2021, l’inaction des autorités en charge de la santé animale avait conduit à la perte de pas moins de 1656 flacons de vaccin car périmés, soit environ 510.000 dinars d’argent public jetés à la poubelle.
L’ arrêt du mandat sanitaire n’augure rien de bon
Pourtant, depuis 2006, le partenariat public – privé fonctionnait à merveille et les vétérinaires de libre pratique étaient régulièrement missionnés lors des campagnes de vaccination préventives dans le cadre du mandat sanitaire, ce qui a grandement contribué à l’amélioration de la situation sanitaire animale.
L’annonce récente de l’éventuel arrêt du mandat sanitaire n’augure rien de bon et il faut s’attendre à la résurgence de nombre de maladies telles que la fièvre catarrhale et la fièvre aphteuse dans plusieurs zones faute de couverture vaccinale. C’est ce que nous observons d’ores et déjà.
Car la protection immunitaire acquise lors des précédentes campagnes vaccinales n’est pas définitive, elle est appelée à disparaitre avec le temps.
* Président du Syndicat des vétérinaires privés.
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