Les frappes américaines et britanniques à la fin de la semaine dernière sur des sites du groupe yéménite Ansar Allah (le Houthis) se sont révélées complètement inefficaces. Non seulement les capacités opérationnelles des Houthis ont été très peu affectées mais le groupe yéménite a déclaré la guerre aux deux pays et considère désormais leurs navires et leurs intérêts comme des cibles. (Illustration : membre du bureau politique d’Ansar Allah Mohamed Bakhiti).
Par Imed Bahri
Des responsables américains ont admis au New York Times qu’ils avaient eu de grandes difficultés à trouver des sites houthis à cibler. Il semble que ces derniers ont réussi à cacher la plupart de leurs armes qui étaient montées sur des supports mobiles. Même après les frappes américaines et britanniques, la menace demeure existante et les capacités opérationnelles n’ont pas été affectées.
Les responsables américains ont également admis que les frappes militaires ont ciblé avec difficulté 60 cibles dans 28 endroits. Autrement dit, les frappes n’ont affecté que 20% des capacités offensives des Houthis. Il convient de noter que les armes utilisées par les États-Unis et leur allié britannique comprenaient des missiles aériens Super Hornet F/A basé sur le porte-avions Eisenhower et des missiles Tomahawk des destroyers navals USS Gravely et USS Mason et le croiseur USS Philippine Navy, un sous-marin américain.
Capacités opérationnelles houthies intactes
Les frappes étant inefficaces et les capacités des Houthis restant intactes, selon les responsables occidentaux, il est difficile de savoir si les compagnies maritimes mondiales se sentiront de nouveau en sécurité lorsqu’elles utiliseront la voie navigable surtout après que les Houthis se sont engagés à venger la mort d’au moins cinq personnes et les blessés de six autres.
La raison de la difficulté à trouver des cibles à bombarder pourrait être le manque de données suffisantes sur le Yémen car ce n’était pas une priorité pour l’administration américaine durant les précédentes décennies.
Les conséquences contreproductives de ces frappes ne se sont pas limitées au fait que les capacités opérationnelles houthies demeurent intactes mais également au fait que les Houthis n’ont pas du tout été intimidés. Ils sont plus que jamais déterminés à en découdre et plus seulement avec les Israéliens mais désormais avec les Américains et les Britanniques.
Dans son allocation, lundi 15 janvier 2024, le général de brigade Yahya Saree, porte-parole des forces militaires dépendantes des Houthis, a déclaré que le Yémen est désormais en guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni et que leurs navires qu’ils soient civils ou militaires seront dorénavant une cible.
Ces propos ont été confirmés par la suite par le membre du bureau politique d’Ansar Allah Mohamed Bakhiti lors de son intervention sur la chaîne Al Araby qui a également rappelé que les navires israéliens et tous les navires se dirigeant vers Israël allaient continuer à être attaqués. Autrement dit, les frappes américaines et britanniques n’ont servi à rien et ces déclarations sonnent comme une confirmation du fiasco des ces frappes.
Un dialogue de sourds
D’ailleurs, les propos de Saree et de Bakhiti ont été aussitôt mis à exécution. Lundi soir, une attaque par des missiles a eu lieu contre le cargo américain Gibraltar Eagle dans le golfe d’Aden. C’est la première attaque contre un navire américain.
Mardi, c’était un navire grec se dirigeant vers Israël qui a été ciblé. Yahya Saree a déclaré: «En signe de vengeance contre l’oppression du peuple palestinien soumis à l’agression et au siège dans la bande de Gaza, les forces navales des forces armées yéménites (affiliées au groupe) ont mené une opération de ciblage contre le navire Zogravia qui se dirigeait vers les ports de la Palestine occupée avec un certain nombre de missiles navals appropriés. Le coup a été direct.» Il a poursuivi en précisant que «l’opération de ciblage a eu lieu après que l’équipage du navire a rejeté les appels d’avertissement, y compris les messages d’avertissement enflammés».
Deux sources du ministère grec de la Marine ont déclaré à Reuters que le vraquier grec MT Zogravia transportant un équipage de 24 personnes avait été touché par un missile au large des côtes du Yémen. Une source a déclaré que le navire était vide de toute cargaison alors qu’il naviguait du Vietnam vers Israël.
Les Houthis ont toujours dit que seul la fin du génocide israélien à Gaza pouvait arrêter leurs attaques. Les États-Unis qui soutiennent aveuglement Israël et continuent de refuser le cessez-le-feu considèrent que c’est aux Houthis d’arrêter leurs attaques et non pas à Israël d’arrêter son génocide. Un dialogue de sourds qui fait que le bras-de-fer entre les Américains et les Houthis va se poursuivre dans la Mer Rouge tant que la guerre se poursuit à Gaza.
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