Le président de la république Kaïs Saïed poursuit ses «visites inopinés» dans des établissements publics pour constater l’état de délabrement dans lequel ils se trouvent, tout en en attribuant la responsabilité à de vagues lobbys de corruption et en réitérant sa détermination à assainir l’administration publique, ainsi pointée comme la cause de tout ce qui ne fonctionne pas en Tunisie. (Vidéo).
Par Imed Bahri (avec Tap).
Hier, mardi 20 février 2024, le chef de l’Etat, qui se défend de mener une campagne électorale pour la présidentielle prévue à la fin de cette année, s’est rendu à un certain nombre d’institutions culturelles et de bibliothèques à la médina de Tunis.
A l’Association de sauvegarde de la médina (ASM), où il a discuté avec certains responsables du rôle de la municipalité de Tunis et de l’ASM dans la préservation des monuments historiques de la médina de Tunis, estimant que ladite association a failli ces derniers temps à la mission pour laquelle elle avait été fondée à la fin des années 1960 par l’ancien maire de Tunis feu Hassib Ben Ammar. Il a dans ce contexte exprimé sa ferme opposition à la cession au privé de certains monuments pour qu’ils soient transformés en restaurants, maisons d’hôtes ou autres.
Visitant El-Khaldounia, l’ancien siège de la Bibliothèque nationale et la bibliothèque Dar El-Diwan, Saïed a cru devoir souligner que ces établissements doivent rester la propriété de l’Etat car l’histoire de la Tunisie et ses monuments ne doivent pas susciter la convoitise de quelque façon que ce soit, a-t-il lancé, laissant entendre que les autorités publiques laissent dépérir ces établissements publics afin d’accélérer leur cession à des promoteurs privés, souvent désignés comme des «lobbys de corruption».
Le président de la république s’est rendu, par la suite, au palais du gouvernement à la Kasbah où il s’est entretenu avec le chef du gouvernement Ahmed Hachani autour de plusieurs questions relatives notamment au secteur culturel. Le chef de l’Etat a souligné qu’il n’y a pas d’avenir pour un peuple qui ne préserve pas sa culture nationale, ajoutant que la culture est un domaine de souveraineté et doit trouver la place qui lui est revient, notamment au niveau des fonds qui lui sont alloués.
Est-ce à dire que Saïed compte augmenter le budget alloué au ministère des Affaires culturelles, qui reste l’un des plus maigres ? C’est tout le mal que l’on souhaite au secteur culturel, même si on reste persuadé que les difficultés financières du pays, qui a du mal à boucler son budget pour l’exercice en cours et doit pour cela mobiliser des prêts extérieurs, ne sont pas propices à de telles générosités.
La guerre contre la corruption, a ajouté Saïed, doit se poursuivre dans tous les secteurs sans exception dont entre autres celui du sport, où certains cherchent avec tous les moyens d’y imposer leur mainmise à travers un scrutin soi-disant libre mais qui cache mal une entente préalable entre des éléments corrompus qui croient que le peuple n’a pas découvert leurs manœuvres et stratagèmes, sans une limpide allusion à l’élection du nouveau bureau directeur de la Fédération tunisienne de football (FTF), prévue le 9 mars prochain, et pour laquelle deux listes sont en lice, une troisième ayant été écartée au prétexte que le dossier qu’elle a présenté était incomplet.
Le président de la république a également visité l’Institut national des sciences et technologies de la mer (INSTM) communément connu sous le nom de musée Dar El-Hout, dans la banlieue nord de Tunis, où il a évoqué avec des cadres administratifs et des professeurs, certains de ses dysfonctionnements, relevant que ce lieu d’histoire et de science dont la Tunisie célèbrera au mois de juillet prochain le 100e anniversaire de la création, doit retrouver ses lettres de noblesse non seulement en Tunisie mais aussi à l’échelle internationale.
Doit-on s’attendre, à la suite de cette visite, à des décisions présidentielles pour doter cet établissement et les autres qu’ilo a visités des moyens matériels et humains leur permettant de développer leurs activités ? Wait and see…
Le président Saïed avait déclaré récemment qu’il n’était pas en campagne électorale («hamla intikhabia») mais en campagne explicative («hamla tafsiriya»), comme il l’avait fait lors des présidentielles de 2019. Reste qu’on a du mal à voir la différence entre les deux, et on aimerait bien qu’on nous l’explique!
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