Le Tunisien Ferid Belhaj est à Tunis, au titre de très haut responsable de la Banque mondiale (BM). Il multiplie les réunions et les déclarations médiatiques ambiguës. Son origine tunisienne interfère avec sa mission et brouille les cartes…
Par Moktar Lamari *
Le responsable de la BM a fait une longue réunion de travail, vendredi 23 février 2024, avec le nouveau gouverneur de la BCT, Dr Fethi Nouri, accompagné des principaux directeurs et conseillers. Le communiqué émis à ce sujet par la BCT se limite aux formules langue de bois.
Belhaj et sa délégation ont aussi été reçus à la Kasbah, siège du gouvernement, pour une rencontre officielle réunissant, autour du Premier ministre Ahmed Hachani, une dizaine de ministres, pour examiner l’état des lieux de la collaboration Tunisie-BM. Ici, aussi on dit tout sur les présents, mais rien sur l’ordre du jour ou encore sur les doléances et attentes mutuelles.
Des rencontres somme toute protocolaires, mais pas tant que ça. On parle de macroéconomie, de changement climatique et certainement de demandes, d’incertitudes, d’enjeux liés à la dette et aux conditionnalités des financements des organismes du Bretton Wood (FMI et BM).
Cette visite est-elle à la demande de la Tunisie. Une Tunisie qui tourne le dos au FMI et à tous ses diktats prônant la privatisation des sociétés publiques, la réduction des effectifs pléthoriques de l’Etat, la vérité des prix…
Le «sauveur» de qui, de quoi ?
On sait que ces mêmes réformes sont prônées périodiquement par la BM et plaidées par son délégué Belhaj, à chaque fois qu’il visite la Tunisie.
On sait aussi que Belhaj a l’habitude de se présenter comme le sauveur de son propre pays, dont l’économie est totalement à la dérive et dont la société est en pleine paupérisation. Il a été le grand défenseur de l’ex-gouverneur Marouane Abassi, réputé pour sa très forte proximité des institutions de Bretton Wood et dont le mandat est terminé il y a deux semaines, avec les catastrophiques résultats qu’on connaît sur l’investissement, la croissance, le chômage, le dinar et l’inflation.
Belhaj a été le mentor et le protecteur d’Abassi. Il l’a défendu bec et ongles sur toutes les ondes de toutes radios, et a couvert ses multiples erreurs dans la gouvernance de la politique monétaire des dernières années en Tunisie. Il n’a pas rendu service à la Tunisie son pays d’origine. Le bilan est criant, zéro sur toute la ligne. Et cela n’est plus un secret pour personne.
Plus de discours et de parlotes que des faits et gestes concrets et productifs, alors que l’économie tunisienne agonise, dans un contexte morose et avec une stagflation mêlée par de nombreuses tensions politiques et institutionnelles. (…)
L’arbre se juge à ses fruits
Les médias qui rencontreront cette semaine l’émissaire de la BM ne doivent pas oublier de lui poser ces trois questions:
1- qu’avez-vous vous fait de concret et de productif pour aider la Tunisie?
2- quel est votre apport réel à la lutte contre le changement climatique en Tunisie?
3- quelles sont vos attentes par rapport au gouvernement en matière de réformes et d’appui pour sortir la Tunisie de l’embargo que lui impose le FMI?
On souhaite voir un rapport d’évaluation des efforts et collaborations engagées au profit de la Tunisie durant les 6 dernières années, et ce pour une meilleure reddition de compte, pour plus de transparence et surtout d’efficacité dans les actions et programmes menés et financés par une dette que les Tunisiens paieront tôt ou tard.
L’arbre se juge à ses fruits. La Tunisie mérite mieux…
Source : Economics for Tunisia, E4T
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