Tunisie : le Snjt dénonce les poursuites judiciaires visant des journalistes

Dans le communiqué suivant, rendu public lundi 18 mars 2024, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) fait part de son «soutien inconditionnel» à Ghassen Ben Khalifa et de son inquiétude «face à la fréquence des poursuites judiciaires contre des journalistes».

Le Syndicat national des journalistes tunisiens a suivi avec une grande inquiétude le jugement rendu par le tribunal de première instance de Ben Arous contre le journaliste et rédacteur en chef du site Inhiyez.

Cette décision intervient après le procès intenté il y a plus d’un an contre Ben Khalifa, à qui on a attribué un article publié par un blog avec lequel il n’avait aucun lien. Des tests effectués par les équipes sécuritaires compétentes ont prouvé que ce collègue n’avait aucun lien avec le blog en question ni avec le contenu incriminé.

L’enquête sur l’affaire s’est achevée le 23 novembre 2023 et a été renvoyée devant le tribunal de Ben Arous, qui a commencé l’examen du dossier en décembre 2023 et a condamné le journaliste à six mois de prison pour insulte à autrui via le réseau de communication public.

Le jugement rendu contre Ghassen Ben Khalifa s’inscrit dans une série de poursuites judiciaires visant des journalistes, qui ont atteint leur apogée au cours de l’année 2023 et au début de l’année en cours avec l’annonce de peines privatives de liberté contre des journalistes.

Ben Khalifa comparaîtra le 5 avril prochain devant le tribunal de première instance de Tunis dans une deuxième affaire pour soupçons de terrorisme.

Des journalistes ont été déférés à plusieurs reprises et leurs procès se sont poursuivis, et ils font désormais face à des accusations de nature terroriste dans le cadre de leur travail journalistique. C’est le cas notamment de la plainte contre Zied El-Heni déposée au cours du mois en cours et qui a porté de graves accusations contre lui sur la base de sa relation avec ses sources d’information, et de la journaliste Chadha Hadj Mbarek continue d’être emprisonnée dans l’attente de la suite donnée à son dossier.

Des journalistes sont également poursuivis sur la base de lois à caractère restrictif de la  liberté, comme notre collègue Haythem El-Mekki, qui a été inculpé à plusieurs reprises en vertu du décret 54, la dernière fois pour des contenus qui n’avaient rien à voir avec lui.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens tient à exprimer :

– son soutien inconditionnel à son collègue Ghassen Ben Khalifa et au reste de ses collègues, et sa dénonciation du jugement rendu contre lui dans un dossier qui n’a rien à voir avec lui et considère ce jugement comme un pas en arrière dans le traitement judiciaire des questions liées à l’édition dans l’espace numérique;

– son inquiétude face à la fréquence des poursuites judiciaires contre des journalistes et des militants pour des publications sur Internet, et la facilité avec laquelle ils sont emprisonnés sur la base de rapports faiblement étayés par la justice dans des tentatives de faire taire leurs critiques de la situation économique, sociale et politique du pays;

– son adhésion à la liberté d’expression comme acquis irrévocable et son rejet de toute forme d’application de la loi ayant un caractère restrictif comme une épée suspendue au cou des journalistes et des médias, et appelle la justice tunisienne à revoir sa politique et à exclure les peines de prison dans les cas de liberté d’expression et de publication.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens appelle tous les défenseurs de la liberté de la presse et d’expression, des droits et libertés et de l’indépendance du pouvoir judiciaire, à se mobiliser pour défendre la liberté d’expression et à dénoncer toutes les pratiques qui portent atteinte à son essence et tous les jugements injustes qui nient la liberté des hommes et des femmes qui s’expriment.

Traduit de l’arabe.

Communiqué.

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