Le conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni vendredi 22 mars 2024, considère qu’il est primordial, pour le moment, de continuer à consolider le processus désinflationniste ainsi que la résilience du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises, et décide de maintenir le taux directeur inchangé à 8%.
Le Conseil note qu’en dépit de l’estompement des effets induits par les chocs externes, l’inflation continue à évoluer sur des paliers historiquement élevés et demeure encore soumise à des pressions d’origine interne, lit-on dans le communiqué de la BCT publié à l’issue de la réunion.
Par conséquent, contenir les pressions provenant d’une hausse excessive de la demande, comparativement aux capacités de production du pays, constitue une condition sine qua non pour maintenir l’inflation sur une tendance baissière, au cours de la période à venir, explique le Conseil pour justifier le maintien du taux d’intérêt au niveau de 8% malgré les critiques des experts estimant qu’il est prohibitif pour l’investissement et, par conséquent, empêche la relance économique.
Inflation: des risques haussiers
La BCT a, cependant, fait savoir que les perspectives des prix à la consommation laissent présager une poursuite de la détente graduelle de l’inflation avec un taux qui se situerait au voisinage de 7%, en moyenne, en 2024 contre 9,3% en 2023.
Toutefois, a-t-elle estimé, la trajectoire future de l’inflation demeure entourée de risques haussiers en relation, notamment, avec la remontée des prix internationaux sur fond de l’escalade des tensions géopolitiques, de l’aggravation du stress hydrique et d’une accentuation des pressions sur les finances publiques. Difficile de ne pas lire dans cet avertissement une volonté de laisser la porte ouverte à de futures hausses du taux d’intérêt.
Sur un autre plan, le Conseil de la BCT a noté qu’à la date du 21 mars courant, les réserves de change se sont établies à 23 365 millions de dinars (MDT), soit l’équivalent de 106 jours d’importation.
Selon la même source, au terme du mois de février 2024, les réserves de change se sont élevées à 23 039 MDT (105 jours d’importation), en baisse par rapport à leur niveau de fin décembre 2023 (26 408 MDT ou 120 jours d’importation), en raison, notamment, du remboursement de l’emprunt obligataire contracté sur le marché financier international pour une enveloppe de 850 millions d’euros.
Au niveau des prix à la consommation, la décélération graduelle du taux d’inflation s’est poursuivie au mois de février 2024. Il s’est, en effet, établi à 7,5% (en glissement annuel) contre 7,8% le mois précédent et 10,4% en février 2023, tout en restant bien au-dessus de sa moyenne de long terme.
Cette relative détente a été favorisée par le ralentissement de l’inflation sous-jacente «hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés» (7,8% contre 8,3% en janvier 2024) et des prix des produits alimentaires frais (11% contre 13,8%).
En revanche, l’inflation des prix administrés s’est affermie, au mois de février 2024 (4,4% contre 3% le mois précédent), explique le Conseil de la BCT.
Amélioration de la croissance
Toujours à l’échelle nationale, la BCT a estimé que les derniers indicateurs conjoncturels disponibles font apparaître une relative amélioration de la croissance du PIB au premier trimestre 2024, sachant que ce taux s’est établi à 0,4% selon les chiffres de l’Institut national de la Statistique.
L’activité économique a particulièrement bénéficié du redressement graduel de la dynamique observée au niveau du secteur agricole après une contraction historique de -11%, en 2023 ayant amputé la croissance économique annuelle de plus de 1 point de pourcentage.
En outre, le dynamisme des exportations de biens ainsi que des entrées touristiques, durant les deux premiers mois de 2024, sont de nature à booster la croissance.
Par ailleurs, les importations de biens d’équipement se sont également inscrites en hausse par rapport à l’année précédente.
En ce qui concerne le secteur extérieur, la BCT a indiqué que le solde des opérations courantes a affiché, en février 2024, une amélioration par rapport à la même période de l’année précédente.
En effet, le déficit courant s’est réduit à 163 MDT (ou -0,1% du PIB) au terme des deux premiers mois de 2024, contre 797 MDT (ou -0,5% du PIB) une année auparavant, lit-on de même source.
Cette performance porte la marque, notamment, de la réduction du déficit commercial (FOB-CAF) qui s’est situé à 1 784 MDT contre 2 359 MDT à fin février 2023.
Un déficit énergétique
Cependant, le Conseil de la BCT a exprimé sa préoccupation quant au creusement du déficit énergétique (1 823 MDT à fin février 2024 contre 1 693 MDT une année auparavant) essentiellement dû à la détérioration des capacités de production et au retard important accusé dans la mise en place des projets portant sur la transition énergétique.
Il a prévenu que cette situation risque d’affecter l’embellie du secteur extérieur, «dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la résurgence des pressions sur les prix internationaux de l’énergie».
I. B. (avec communiqué).
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