L’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït Al-Hikma a organisé, le samedi 27 avril 2024, au Palais de l’Académie, sis à Carthage-Hannibal, une conférence sur le thème : «Science, religion et société aujourd’hui».
La conférence a été donnée par Pre Faouzia Charfi, physicienne et professeure émérite à l’Université de Tunis, et membre de l’Académie, auteur de l’ouvrage « La science voilée. Science et islam » (éd. Odile Jacob), et le Pr Taieb El Hadhri y a assuré la présentation.
D’emblée, Pre Charfi a évoqué la relation conflictuelle entre le religieux et le scientifique qui se pose, aujourd’hui, de manière plus importante eu égard à l’amplification que les réseaux sociaux donnent à certains courants qui sont, selon l’intervenante, de véritables menaces contre la science. Elle remonte au 5e siècle pour rappeler les persécutions, à travers l’histoire, dont ont été victimes les scientifiques à cause des dogmes.
Hypatie d’Alexandrie, tuée par des fanatiques chrétiens en 415. Des siècles plus tard, Giordano Bruno est condamné pour hérésie par l’Eglise et brûlé vif à Rome en 1600 ou encore Galilée qui est jugé par le Saint Office en 1633.
On oppose à cette histoire de la persécution des scientifiques par l’Eglise chrétienne, en pays d’islam, aucun scientifique n’a été attaqué, et qu’au contraire, comme le proclamait le réformateur du 19e siècle Mohamed Abdou : il n’y pas de contradiction entre l’islam et la science; le hadith ayant encouragé la quête de la science : «Allez chercher la science (‘el-iîlm) jusqu’en Chine».
Bien que Pre Charfi concède que l’interprétation du mot «iîlm» est une question à débattre et elle cite, dans ce contexte, Mohamed Arkoun : «iîlm désigne le type spécifique de ‘science’, c’est-à-dire de connaissance, liée à la révélation de la parole de Dieu […] Par contraste avec la version pluralisée des sciences, le iîlm est une science ou une connaissance unique, qui englobe tout […] et surplombe tout».
Alors si l’Histoire montre que la raison a été du côté de l’islam et le fanatisme du côté du christianisme, comment alors expliquer la décadence de l’un et l’épanouissement de l’autre ? La force de l’Occident est-elle fondée sur la raison et la liberté ? Pre Charfi a tenté de donner des éléments de réponse à cette question en se basant, entre autres, sur le concordisme entre texte religieux et démarche scientifique.
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