Kaïs Saïed : «Il n’y a pas de conflit entre les forces de sécurité et les avocats»

C’est là, en tout cas, la version officielle que Kaïs Saïed a donnée des incidents survenus, samedi et mercredi, à la Maison de l’Avocat, lors des opérations d’arrestation de Me Sonia Dahmani et Me Mehdi Zagrouba.

Selon un communiqué de la présidence de la république, le chef de l’Etat a souligné, lors de sa rencontre avec la ministre de la Justice, Leila Jaffel, au palais de Carthage, mercredi 15 mai 2024, que personne n’est au-dessus de la loi et que tous sont égaux devant elle.

Saïed a ajouté que tout comme le droit d’ester en justice est garanti, celui de la défense l’est tout autant, comme le stipule l’article 124 de la Constitution de 2022.

Toujours selon le communiqué, le président de la république a rappelé les positions prises par un certain nombre d’avocats tunisiens avant et après l’indépendance du pays. Les avocats ne sont pas au-dessus des lois et l’Ordre national des avocats n’hésite pas à déférer nombre d’entre eux, qui violeraient leurs devoirs et l’honneur de la profession, devant le conseil de discipline, et à leur imposer des sanctions appropriées.

Le chef de l’Etat a expliqué que les événements de ces derniers jours n’ont rien à voir avec la profession juridique. Il s’agit, selon lui, de personnes qui ont dénigré et calomnié leur pays dans les médias [allusion à l’avocate et analyste politique Sonia Dahmani, Ndlr], ou qui ont violemment agressé un agent de sécurité [allusion à Mehdi Zahrouba, Ndlr].

«Ceux qui dénigrent leur pays et commettent le crime d’agresser un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ne peuvent rester en dehors du cercle de la responsabilité et de la sanction», a jugé Saïed. Et de poursuivre : «Si nous n’acceptons pas que notre pays et ses symboles soient mis à mal de l’extérieur, nous n’accepterons pas que notre pays soit dénigré chez nous».

Le président de la république a ajouté que «ceux qui méprisent leur pays à l’intérieur sont protégés par des milieux officiels et officieux à l’étranger», en précisant que, deux jours plus tôt, un avocat avait été arrêté sur ordre du procureur pour participation à un complot terroriste et de blanchiment d’argent, entre autres délits. «Pourquoi n’y a-t-il pas eu de controverse sur le fait que la profession d’avocat soit trop honorable pour que puisse s’en réclamer quelqu’un qui dénigre son pays ou agresse violemment un agent de sécurité ?», s’est interrogé Saïed, en faisant toujours allusion, sans les nommer, à Sonia Dahmani et Mehdi Zagrouba.

Rappelons que Sonia Dahmani, a été arrêtée samedi dernier à la Maison de l’Avocat où elle s’était réfugiée. Elle est poursuivie en vertu du tristement célèbre décret-loi 54 pour avoir déclaré sur une chaîne de télévision privée que les migrants subsahariens ne venaient pas en Tunisie pour s’y installer car «ce n’est pas un pays où il fait bon vivre. Ses propres enfants le fuient».

Quant à Mehdi Zagrouba, il a été arrêté deux jours plus tard, également à la Maison de l’Avocat, après une altercation avec un agent de l’ordre.    

I. B. (avec Tap)