Né en 1915 à Paris, Claude Roy est poète, romancier, essayiste et journaliste français.
Après des sympathies pour la droite nationaliste dans sa jeunesse, il s’engage en 1943 au Parti communiste français. Son écriture prend naissance véritablement dans la résistance à l’occupation allemande. Il quitte le PCF en 1957 après l’invasion soviétique de la Hongrie. Signe le Manifeste des 121 contre la guerre d’Algérie. Et reçoit le premier Goncourt de poésie, en 1985.
Familier de la Tunisie, qui lui inspire Le soleil sur la terre, 1956. Il adapte l’ouvrage de Zubeir Turki, Tunis naguère et aujourd’hui.
Il décède en 1997, laissant une œuvre importante.
Tahar Bekri
Bête comme un moteur, bête comme un alexandrin,
le temps piétine et bouge et marche tout le temps.
Il ne peut pas rester en place, et son chemin
déroule son tricot de vers à soie bavant.
Le temps n’a pas le temps de perdre ses minutes,
ni de trouver jolies les choses ni les gens.
Il a toujours à faire, et s’il trébuche et bute
il repart tout de suite et rattrape le temps.
Mon échelle à monter aux grand’places d’aurore,
ma douce, ma songeuse, et mon seul passe-temps,
dans le chaud mélangé de notre double-corps
nous n’entendons plus les gros sabots du temps.
Il n’est pourtant pas loin, bête comme un ruisseau,
il fait bouger le sang et le tic-tac du cœur,
les onze ou douze pieds de mes vers pas très beaux,
bête comme une rime qu’on saurait par cœur.
‘‘Serge Koster, Claude Roy, un poète’’, Ed. Gallimard