La visite effectuée hier, vendredi 12 juillet 2024, par le président de la république Kaïs Saïed aux délégations de Jebeniana et El-Amra au gouvernorat de Sfax, un an après une visite similaire le 10 juin 2023, va-t-elle apporter des solutions aux habitants de cette région pratiquement «occupée» par les groupes de migrants subsahariens en partance vers les côtes européennes ? Vidéo.
Imed Bahri
Lors de sa visite, le chef de l’Etat a rencontré des citoyens et écouté leurs préoccupations, indique la présidence de la république dans un communiqué sur sa page officielle Facebook, ajoutant que Saïed a souligné, à cette occasion, que l’Etat doit veiller à appliquer la loi et à maintenir la sécurité, relevant que la Tunisie a œuvré et œuvre à assurer un encadrement humain aux immigrés qui sont «des victimes d’un ordre mondial et de réseaux de traite des êtres humains».
«La Tunisie demeure aussi fière de son appartenance africaine et déterminée à imposer le respect de la loi pour tous. Elle ne permettra à personne de mettre en œuvre ses plans non déclarés et n’accepte pas le fait de terroriser les citoyens», a encore indiqué le chef de l’Etat, cité dans le communiqué de la présidence de la république, faisant ainsi allusion à sa théorie du «Grand remplacement» selon laquelle des parties malveillantes complotent contre la Tunisie pour changer la composition démographique de sa population.
Il reste cependant à se demander si ces propos vont convaincre les habitants de Jebeniana et El-Amra, qui attendent des solutions concrètes aux problèmes quotidiens qu’ils rencontrent, notamment l’occupation de leurs terres agricoles par des migrants dont le nombre ne cesse de grandir et dont certains commettent même des délits et des violences.
Le citoyen qui a lancé au chef de l’Etat qu’«il n’y a plus d’Etat», obligeant ce dernier à lui demander de ne plus dire une chose pareille car l’Etat est là et veille au respect des lois par toutes les parties, ne fait, en fait, qu’exprimer le sentiment partagé par beaucoup de ses compatriotes qui ont l’impression que les autorités sont dépassées par l’ampleur du problème de la migration irrégulière et n’ont pas de solution équitable et crédible, ménageant la chèvre et le chou.
Il faut dire qu’avec ses moyens limités et ses finances publiques exsangues, la «petite» Tunisie se trouve impuissante face à un fléau qui la dépasse, étant donné que l’aide que lui apporte l’Union européenne (UE) dans ce cadre reste très insuffisante. Et cela, M. Saïed doit le dire clairement à Giorgia Meloni et à ses collègues de l’UE qui ne cessent de louer le travail effectué par la Tunisie dans le domaine de la lutte contre la migration illégale et qui s’est traduit par la baisse des flux de migrants débarquant sur les côtes européennes.
Le Tunisie n’est pas le garde-frontière de l’UE, comme ne cesse de le dire M. Saïed. Il est temps que les actes succèdent enfin aux mots qui ne font pas manger leur homme !