Dr Dhaker Lahidheb, le très médiatisé cardiologue, a confirmé son intention de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle dont le 1er tour est fixé au 6 octobre 2024. Dans un entretien hier, lundi 15 juillet, avec Express FM, il annonce sa décision de mener sa campagne électorale entièrement sur le web. Vidéo.
Imed Bahri
«J’espère dépasser bientôt la phase de l’intention pour celle de la candidature officielle à la fin de ce mois», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il est en train de collecter les 10 000 parrainages citoyens nécessaires à la légalisation de sa candidature par la commission électorale. «J’espère rassembler plus que 10 000 parrainages, car certains parrainages collectés pourraient être annulés pour vice de forme», a admis Dr Lahidheb, en déplorant le climat de peur qui règne actuellement dans le pays et qui n’encourage pas les citoyens à accorder leur parrainage au candidat auquel ils font pourtant confiance.
Rattraper les occasions ratées
Dr Lahidheb affirme avoir déjà enlevé sa blouse blanche pour se consacrer à la course à la présidence de la république, ajoutant qu’un collègue le remplacera au cours des prochains mois à son cabinet. «Ce n’était facile pour moi, car je fais un métier que j’aime. J’ai eu mal au cœur, mais quand on estime avoir des responsabilités envers son peuple, il ne faut pas hésiter», a-t-il expliqué.
Le cardiologue n’a pas une grande expérience politique, même s’il avoue s’être toujours intéressé à la politique depuis son plus jeune âge, en suivant notamment l’actualité des pays démocratiques comme l’Italie, la France ou l’Allemagne. Il est venu à la politique après la révolution de 2011 en prenant part à la fondation du Courant démocratique ou Attayar, dont il a démissionné en 2019, tout en gardant de très bonnes relations avec tous ses dirigeants.
«Nous avons eu une occasion en or pour instaurer une vraie démocratie en Tunisie au lendemain de la révolution de 2011, mais nous l’avons lamentablement ratée et nous sommes tous responsables de ce ratage», a souligné Dr Lahidheb, en estimant que la Tunisie ne pourra pas progresser sur la voie du développement sans une véritable démocratie qui libère les volontés et les énergies et met tout le monde au travail, sans ségrégation ni exclusion. «On ne peut développer un pays en mettant son sort entre les mains d’un seul homme inspiré élevé au rang de prophète. Les hommes passent, seul demeure l’Etat et ses institutions», a déclaré Dr Lahidheb à Express FM en affirmant que son programme est prêt et qu’il sera incessamment révélé au public.
«J’ai présenté ma candidature sans aucune peur», a déclaré le cardiologie, faisant allusion aux candidats qui l’ont précédé sur cette voie et qui ont été arrêtés et incarcérés, poursuivis dans de vagues affaires de complot contre la sûreté de l’Etat, terrorisme et/ou blanchiment d’argent. Il ajoute : «Et si je le fais c’est parce que j’aime mon pays et que je veux le sortir de la crise et l’engager sur la voie du progrès et du développement. Mais aussi pour redonner l’espoir à mes compatriotes. J’ai une fille qui a vingt ans et je voudrai la convaincre et convaincre tous nos enfants de rester au pays».
Campagne avec un faible impact carbone
Dr Lahidheb a révélé les deux principaux slogans de sa campagne électorale et qui sont «La Tunisie au cœur», et ce n’est pas chercher très loin pour un cardiologue qui connaît le rôle de cet organe dans le fonctionnement d’un corps, mais aussi : «Un Etat intelligent et juste», par allusion à l’intelligence artificielle qui devrait, selon lui, prendre une place prépondérante dans les activités du futur. D’ailleurs, affirme-t-il, il mènera toute sa campagne sur le web, à travers les réseaux sociaux, pour en réduire l’impact carbone. Et promet, également, une fois élu, de favoriser le transport écologique, intelligent et respectueux de l’environnement, notamment la bicyclette, en prenant exemple sur un pays pionnier dans ce domaine, les Pays-Bas, qui a dépensé 12 milliards d’euros pour généraliser l’usage de ce moyen de locomotion à grande échelle.
Rêveur Dr Lahidheb, utopiste ou naïf ? Lui, en tout cas, croit que toutes les bonnes idées peuvent être réalisées pour peu qu’on s’arme de volonté et qu’on s’en donnent les moyens, humains et matériels, pour les faire aboutir.