50 ans après le décès de l’esthète roumain George Sebastian Ghika, la célèbre demeure qui fut la sienne, Dar Sebastian, abritant désormais le Centre culturel international de Hammamet (CCIH) ou la Maison de la Méditerranée pour la Culture et les Arts a, à l’occasion de la commémoration du 50e anniversaire de sa disparition, accueilli, samedi 21 septembre 2024, un événement culturel et artistique dédié à sa mémoire. (Illustration : George et Flora Sebastian, son épouse américaine, à Hammamet, dans les années 1930-1940).
Au cours de cet hommage marqué par un concert de la soprano roumaine Nelly Miricioiu, accompagnée au piano par le Tunisien Mehdi Trabelsi, plusieurs intervenants ont mis en avant la vie de George Sebastian, l’amoureux de Hammamet et le grand passionné d’art et de culture.
Etaient présents, aux côtés de la gouverneure de Nabeul, Hana Chouchani, l’ambassadeur de Roumanie en Tunisie, Valentin-Ciprian Muntean, ainsi que de plusieurs représentants du corps diplomatique accrédités en Tunisie, membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et d’artistes et hommes de culture de Tunisie et de Roumanie.
Le coup de cœur d’un grand esthète
Dans une présentation sur la personnalité de George Sebastian Ghika et son rôle dans la culture tunisienne, l’écrivaine Lia Faur a évoqué certains détails architecturaux choisis par Sébastian pour la construction de son palais, ainsi que ses relations avec des artistes du monde entier et les principaux pays qu’il a visités.
L’historien français Cyrille Boulay, a quant à lui témoigné du fruit de ses recherches sur George Sebastian. Résidant à Hammamet depuis plus de 20 ans, il a mentionné que son amour pour cette ville l’a poussé à s’intéresser à l’histoire de Sebastian. L’expert en art et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire des familles royales a qualifié George Sebastian de «meilleur ambassadeur de Hammamet dans le monde». Bien que George Sebastian (1896-1974) ne soit pas architecte de profession, il a lui-même conçu la villa, inspirée d’une maison traditionnelle de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, a- t-il rapporté. Achevée en 1934, cette demeure, jadis appelée «la grande maison», est aujourd’hui un monument architectural unique qui se distingue par son jeu de lumière et d’ombre.
Il a, dans ce sens, appelé à l’organisation d’une exposition permanente à Dar Sebastian, afin de préserver la mémoire de George Sebastian, de retracer son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale et de dévoiler aux visiteurs divers aspects de sa personnalité, tout en mettant en lumière l’histoire de ce lieu mythique dans la ville de Hammamet, son coup de cœur depuis 1929.
Néjib Kasraoui, directeur général du CCIH a, dans une déclaration à l’agence Tap, déclaré que cet hommage se tient dans édifice culturel et artistique de premier plan, un espace ouvert aux cultures du monde, rayonnant sur son environnement arabe, africain, méditerranéen et mondial. C’est une occasion pour redécouvrir l’influence d’une grande figure de la scène culturelle tunisienne, roumaine et internationale.
Espace d’art ouvert aux créateurs de tous horizons
Cet hommage témoigne de la reconnaissance du CCIH à son fondateur, tout en affirmant l’engagement à préserver et à développer cet espace d’art ouvert aux créateurs de tous horizons.
Le partenariat avec l’ambassade de Roumanie pour l’organisation de cet événement constitue une première étape vers de futurs projets culturels entre les deux parties, a-t-il conclu.
Pour sa part, l’ambassadeur de Roumanie a souligné que cette commémoration vient honorer une figure culturelle qui a marqué la scène artistique tunisienne, notamment par la création de la Villa Sebastian, un chef-d’œuvre architectural unique au monde, qui a attiré des écrivains, poètes, peintres et célébrités du monde entier, comme le poète Jean Cocteau, l’écrivain André Gide, le peintre Henri Matisse, ou encore l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill, qui y a rédigé une partie de ses mémoires.
L’ambassadeur a ajouté que l’héritage laissé par George Sebastian constitue une base solide pour renforcer les relations entre les deux pays d’origine et d’adoption.
La directrice du Centre des Musiques arabes et méditerranéennes (Cmam, palais Ennejma Ezzahra), Saloua Hfaiedh, a mis l’accent sur l’importance de l’héritage architectural et artistique de George Sebastian, qui a tissé un lien culturel profond entre la Tunisie et la Roumanie à travers ce joyau architectural ayant accueilli de nombreux artistes de diverses disciplines. Elle a ajouté que le ministère des Affaires culturelles entend renforcer la coopération culturelle entre les deux pays, en accueillant plusieurs troupes artistiques roumaines et en œuvrant pour des projets artistiques communs.
D’après Tap.