Au milieu des discours qui attisent la haine et la xénophobie entre la Tunisie et l’Algérie, deux voisins que rien ne distingue les uns des autres – même langue, même culture, même religion –, d’autres voix surgissent pour dénoncer avec courage et rigueur ces drôles d’agitateurs.
Dr Abderrahmane Cherfouh *
Dans une allusion claire à l’Algérie, Elyes Kasri a multiplié ces derniers temps les attaques à outrance à l’encontre de «certains voisins» qui lui posent apparemment problème et qui hantent son esprit.
Même ses compatriotes qui ne pensent pas comme lui n’ont pas été épargnés et ont eu leur part d’insultes indignes de la fonction noble qui était la sienne. Je cite entre autres, «certains thuriféraires du régime», «la perversion des valeurs et le nationalisme à l’envers de ces faux patriotes», «agents subreptices de l’étranger».
Se plaçant résolument sur le terrain du combat en tant que justicier et sauveur et rêvant peut être d’un destin national, M. Kasri est monté au créneau en chevauchant son cheval préféré Rossinante pour aller déverser son venin et sa haine envers des voisins traités de tous les noms d’oiseaux en tenant des propos inconvenants indignes d’un ancien diplomate. S’érigeant en donneur de leçons, il propose même à ses voisins comment répartir leurs richesses d’une manière équitable.
Se servant, donc, de l’affaire de Donia Gueni qui n’était qu’un fait divers, il a voulu transformer cet événement en affaire d’Etat suscitant de sa part une quantité affligeante de propos souvent de basse polémique. Mais la partie la plus «stimulante» de ses hauts faits d’armes concerne ce passage : «leur persistance à vouloir accabler la Tunisie avec leurs problèmes de non-État». Une perle parmi tant d’autres de son excellence monsieur l’ancien ambassadeur envers un voisin qui partage les mêmes valeurs que son pays. Consternant !
Je suis vraiment choqué par la brutalité et le choix des mots qui devraient réjouir les ennemis de la fraternité algéro-tunisienne. C’est à ce jeu malsain que certains s’amusent et trouvent du plaisir pour torpiller les relations plus que privilégiées entre la Tunisie et l’Algérie.
Mais autant de questions demeurent en suspens sur les raisons de cette attaque soudaine qui vise à nuire aux deux pays frères, n’en déplaise à ceux qui pensent le contraire. Saurons-nous prendre notre distance par rapport aux fantasmes de certains et ignorer leur appel néfaste?
Au milieu de ces discours qui attisent la haine et la xénophobie entre deux voisins que rien ne distingue les uns des autres – même langue, même culture, même religion –, d’autres voix surgissent pour dénoncer avec courage et rigueur ces drôles d’agitateurs. Je pense entre autres au Dr Mounir Hanablia qui mérite admiration et respect et que je tiens à féliciter pour son sens de l’analyse et sa grande maturité d’esprit. Il fait partie de ces intellectuels qui n’usurpent pas leur fonction et ne trahissent pas leur conscience. Ils sont toujours à l’avant-garde du combat pour la justice en ne craignant pas d’affronter les pouvoirs établis tout en militant pour un futur basé sur le respect mutuel entre les deux pays voisins , un futur porteur de paix, de concorde et d’espoir pour les deux peuples frères.
* Médecin algérien au Canada.
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