Le poème du dimanche : ‘‘Sous les arbres mauves’’ de Philippe Soupault

Philippe Soupault (1897-1990) est le journaliste que Léon Blum envoie pendant le Front populaire, en 1937, en Tunisie, pour fonder une Radio antifasciste (qui deviendra la Radio nationale tunisienne) est un poète à l’origine du mouvement surréaliste. (Philippe Soupault par Robert Delaunay).

Ainsi, a-t-il écrit avec André Breton, en 1919 Les Champs magnétiques, recueil à l’écriture automatique, considéré à la base du mouvement scellé par le Manifeste du surréaliste, en 1924.

Resté fidèle à ce mouvement jusqu’à la fin, Soupault en a été, pourtant, exclu dès 1927 par le groupe pour «trop de littérature», en l’occurrence, journalisme et écriture de romans.

Tahar Bekri

Sous les arbres mauves

Une nuit mauvaise

J’allais contre le froid

Tous ceux que la faim faisait doucement gémir

Tous ceux qui laissaient tomber

les bras guettaient dans l’ombre

Ils étaient là près de moi

Leurs yeux trop grands étaient

des menaces

J’avais honte de savoir marcher

Et une lumière plus douce que la neige

me tirait

Tu ne me quittais pas

Tu dormais ?

Et ta vie était cette nuit

que je respirais

Je savais par mes yeux mes mains mes pas

Que tout s’effaçait

Qu’il n’y avait plus que la terre

Que la terre

Et toi

Extrait de « Il y a un océan », éd. G. L. Mano, 1936.

Remerciements à Site : poemes.co

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