Il est regrettable que la Tunisie compte sur l’étranger pour se développer

L’accord de partenariat entre Transavia France et l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) visant à attirer 2 millions de touristes français en Tunisie à l’horizon 2030 est une excellente initiative. Sauf qu’il est regrettable que nous comptions exclusivement sur des compagnies aériennes étrangères pour développer notre tourisme et notre économie.

Hakim Tounsi *

Lors de l’élaboration de projets nationaux futurs, je pense qu’il est crucial de réfléchir et de veiller à garantir l’indépendance économique pour assurer le développement durable et l’autonomie du pays. Il est également nécessaire d’impliquer la compagnie nationale Tunisair dans tous les programmes de développement stratégique dans toutes les régions de la République.

L’eau, l’énergie, le transport, l’alimentation et les médicaments sont des domaines stratégiques sensibles qui doivent rester sous contrôle national. Cela ne signifie pas qu’il faille rejeter les partenariats avec des parties extérieures dans ces secteurs. Mais pour construire une économie durable sous contrôle national, il devrait y avoir dans chaque région des compagnies aériennes tunisiennes associées à des entreprises étrangères.

À mon avis, il ne faut pas céder sur ce principe pour préserver l’indépendance de l’économie et du pays.

Dans ce contexte, je considère que l’accord de partenariat signé e, juin dernier avec la compagnie Transavia, compagnie aérienne «low cost» du groupe Air France-KLM, pour développer le tourisme dans les régions tunisiennes est important et bénéfique, mais je pense qu’il est essentiel que la structure de base des stratégies de développement soit composée d’entreprises nationales soumises à la souveraineté tunisienne. Il est préférable que le partenariat avec des entités étrangères soit un complément à un projet national et non sa structure principale. La structure de base pour élaborer des stratégies et des projets tunisiens doit rester majoritairement tunisienne.

C’est pourquoi il est urgent de trouver des solutions pour donner les moyens nécessaires à la compagnie nationale de retrouver ses capacités et sa flotte, tout en veillant à moderniser ses méthodes de travail, afin d’élever notre compagnie nationale de transport aérien aux normes mondiales dans les meilleurs délais. Il est tout de même frustrant, révoltant et regrettable que nous devions compter exclusivement sur des compagnies aériennes étrangères pour développer notre tourisme et notre économie, alors que plus de quinze de nos avions sont laissés à l’abandon, complètement inutilisés, devant le magasin des ateliers de maintenance de l’aéroport de Tunis-Carthage pour manque de pièces de rechange en raison de la négligence et de la mauvaise gestion tout au long de la «décennie noire» (2011-2021).

* Voyagiste tunisien basé en France.

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