Ukraine – Russie | De quelles garanties parle-t-on ?

Lorsque le président ukrainien Volodomyr Zelenski exige des garanties de paix avant de s’engager à signer un cessez-le-feu, il a sans doute de bonnes raisons de le faire, Vladimir Poutine n’étant pas un adversaire commode et digne de confiance, mais ces garanties de paix ne doivent-elles pas être discutées autour d’une table de négociation… après un cessez-le feu ? (Illustration : Zelensky serait bien inspiré de reprendre langue avec Poutine pour négocier une paix juste et durable).

Habib Glenza écrit de Lodz, Pologne.

Ce cessez-le-feu ne semble pas encore à l’ordre du jour, car aussi bien l’Ukraine que l’Union européenne (UE) semblent vouloir continuer la guerre sur leur franc est, en dépit de la bouée de sauvetage que leur a tendue le président Donald Trump, qui s’est donné pour mission première de mettre définitivement un terme à ce conflit insensé qui a coûté la vie a plus d’un million de personnes des deux côtés.

Il faut donc d’abord se mettre d’accord sur un cessez-le-feu, s’asseoir ensuite autour d’une table de négociation pour d’éventuelles concessions réciproques. Ce dont nous sommes aujourd’hui très loin. Aussi exiger des garanties de paix, comme le font avec entêtement de l’Ukraine et l’UE, équivaudrait-il à la continuation de la guerre.

La Crimée et les régions du Donbass, occupées par la Russie, pourront-elles être rendues à l’Ukraine au terme d’une éventuelle négociation, comme l’espèrent certains ? 

Nous ne le pensons pas. Car ce n’est pas à la partie qui a perdu la guerre, ou qui a, d’une certaine façon, provoqué la guerre sans parvenir à la remporter, de dicter ses conditions.

Dans la gueule de l’ours russe

De l’avis du président américain, l’Ukraine n’aurait jamais dû provoquer cette guerre, en demandant d’adhérer à l’UE et à l’Otan, tout en sachant que la Russie s’y opposerait par tous les moyens. Le président américain va d’ailleurs jusqu’à reconnaître que c’est l’administration Biden et les Européensqui ont poussé l’Ukraine dans la gueule de l’ours russe. Et il n’a pas totalement tort sur ce point.  

Pour mieux comprendre la genèse du conflit russo-ukrainien, il faut remonter le cours de l’histoire. Beaucoup pensent que c’est la Russie qui a agressé l’Ukraine le 24 février 2022, ce qui n’est pas totalement faux, mais il faut admettre aussi que ce conflit remonte à 35 ans, lorsque James Baker avait promis à Gorbatchev, le 9 février 1990, que l’Otan ne s’étendra pas  davantage à l’Est. Cette promesse a été donnée dans un contexte où le pacte de Varsovie existait encore, mais la disparition du bloc soviétique suffit-elle pour justifier son non-respect par les Occidentaux ?

Eviter une 3e guerre mondiale

Les garanties de paix que pourraient donner aujourd’hui les Russes aux Ukrainiens auraient-elles plus de valeur que celles données en 1990 par les Occidentaux à la Russie?  Que ce soit à l’est ou à l’ouest, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Tout est affaire de rapports de forces.  Et dans ce contexte, l’extension de l’Otan jusqu’aux frontières de la Russie, envisagée un moment par l’Alliance atlantique, est perçue comme un danger existentiel par Poutine, tout comme ce fut le cas en 1961 avec l’affaire de l’installation de missiles nucléaires soviétiques à la Baie des Cochons, à Cuba, non loin des côtes des Etats-Unis.

En ce temps-là, John F. Kennedy et Nikita Chruszczow ont su éviter une 3e guerre mondiale qui aurait pu être déclenchée par une invasion de Cuba par l’armée américaine. C’est à cet épisode qu’a fait allusion Trump lorsqu’il a accusé Zelensky, lors de leur dernière rencontre à la Maison Blanche, de vouloir provoquer une 3e guerre mondiale.

Il suffit d’imaginer les conséquences de l’installation d’une base militaire américaine à Taïwan ou d’une base militaire russe au Canada ou au Mexique pour comprendre – sans la justifier – la réaction violente de Moscou au projet d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan! 

Au final, les garanties demandées par l’Ukraine et l’UE n’auront pas plus de valeur que la promesse faite par James Baker aux Russes en 1990, ni celle donnée à la Russie par les Occidentaux en 2015 au moment des accords de Minsk I et de Minsk II.

La seule garantie qui compterait aujourd’hui c’est le rétablissement de la confiance entre la Russie et l’Ukraine et le retour aux relations politiques et économiques entre les deux voisins telles qu’elles étaient avant le conflit.

Par ailleurs, l’Occident doit renoncer au projet d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, car ce projet est la principale cause de la, guerre russo-ukrainienne.    

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