Aussitôt nommée par le président de la République, Kaïs Saïed, la nouvelle cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzeri, a présidé, vendredi 21 mars 2025, au palais du gouvernement à la Kasbah, la première réunion de… «l’équipe ministérielle», comme l’écrit l’agence officielle Tap.
Imed Bahri
Lors de cette réunion inaugurale (pour elle), la cheffe du gouvernement a exprimé sa gratitude et sa profonde fierté pour la confiance que lui a accordée le président Saïed en lui confiant une responsabilité nationale cruciale. Elle a souligné l’importance de renforcer les efforts pour servir au mieux la Tunisie, notamment en améliorant le niveau de préparation face aux défis. Il s’agit d’accélérer les réformes économiques, d’améliorer les conditions de vie des citoyens et de soutenir les catégories vulnérables. Parmi les priorités figurent également l’élaboration de législations nécessaires, l’impulsion des projets publics et l’élimination des obstacles entravant leur mise en œuvre.
Zaafrani Zenzeri a mis l’accent sur la nécessité d’intégrer les mesures financières et fiscales contenues dans le projet de loi de finances pour l’année 2025 dans le cadre de la vision de l’État et de ses orientations, comme l’a rapporté l’agence Tap.
Des finances publiques exsangues
Il s’agit, on l’a compris, de réviser ces deux lois élaborées par le gouvernement, adoptées par le parlement et ratifiées par le président de la République en décembre dernier pour les adapter aux décisions à caractère social prises entretemps par ce dernier et qui vont avoir d’importances incidences sur les finances publiques déjà exsangues.
La cheffe du gouvernement a également appelé à une transformation structurelle de l’économie nationale, à travers l’accélération la mise en œuvre des projets publics et le lancement de projets stratégiques, exhortant les ministres et les responsables à redoubler d’ efforts pour concrétiser les objectifs de développement, par l’adoption de nouvelles méthodes de travail afin de répondre aux attentes populaires et préserver la souveraineté nationale.
Zaafrani Zenzeri a jugé indispensable de favoriser la cohésion au sein de l’équipe gouvernementale et de garantir la mise en œuvre des politiques publiques conformément aux orientations et choix définis par le président de la République, ainsi qu’aux principes de la Constitution de 2022. Elle a affirmé que le gouvernement devait apporter une réelle valeur ajoutée pour répondre aux défis actuels et aux aspirations du peuple tunisien.
Diplômé de l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit), spécialisée en génie civil, Zaafrani Zenzeri est également titulaire d’un diplôme d’ingénieur géotechnique de l’Université Gottfried-Wilhelm-Leibniz de Hanovre, en Allemagne. Son CV évoque également deux passages à l’École nationale d’administration puis à l’Institut de la Défense nationale.
En 1989, elle a rejoint la direction générale des ponts et chaussées au ministère de l’Equipement, où elle a occupé divers postes et suivi la mise en œuvre de divers projets, avant d’être nommée chef du département des travaux spéciaux du même ministère en 1992.
De 2014 à 2021, Zaafrani Zenzeri a été directrice générale de l’unité de suivi de la mise en œuvre des projets autoroutiers. En 2021, elle a été nommée ministre de l’Equipement dans le gouvernement Bouden, poste qu’elle agardé dans ceux de Hachani et Maddouri.
Elle a également exercé les fonctions de ministre des Transports par intérim du 12 mars au 25 août 2024, en remplacement de Rabie Majidi, limogé par Saïed.
La marge de manœuvre est étriquée
Zaafrani Zenzeri sait que sa tâche n’e sera’est pas facile et que sa marge de manœuvre est étriquée : la Tunisie connaît de graves difficultés économiques et financières, avec une croissance lente de 0,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette avoisinant 80% du PIB. Et pour ne rien arranger : le chef de l’Etat est déterminé à aller de l’avant dans ses politiques sociales, alors que l’argent se fait rare et que les bailleurs de fonds ne se bousculent pas au portillon.
On sait que tous les prédécesseurs de Zaafrani Zenzeri (5 en un peu plus de 5 ans) n’ont pas fait long feu à la Kasbah. Les paris sont donc lancés sur la durée du mandat de celle que personne n’attendait vraiment, et dont la carrière politique a connu hier une soudaine accélération. La politique est ainsi faite qu’elle récompense autant qu’elle châtie: la chute peut être aussi rapide que l’ascension, et gare à celui (ou celle) qui ne retient pas la leçon!
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