Dans un exercice périlleux de diplomatie de crise, la Tunisie a cherché à ménager la chèvre et le chou, en exprimant sa solidarité avec la «victime» du jour, l’État du Qatar, et en renouvelant sa condamnation de toute agression contre l’«agresseur» du jour, la République islamique d’Iran.
Imed Bahri
Dans un communiqué publié mardi 23 juin 2025 par le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, la Tunisie a exprimé sa solidarité avec l’Etat du Qatar et affirmé son rejet des attaques visant son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale, lesquelles constituent une menace pour la sécurité du peuple qatari. Le communiqué ne nomme ni ne condamne l’«agresseur», en l’occurrence l’Iran, qui, quelques heures auparavant, avait lancé un missile balistique contre le territoire de l’émirat gazier.
Dans le même communiqué, la Tunisie a trouvé le moyen de renouveler, également, sa condamnation de toute agression contre la République islamique d’Iran, affirmant son rejet de toute atteinte à ses ressources nationales, à son intégrité territoriale, à sa souveraineté et à la sécurité de son peuple. Et là aussi, le communiqué a pris soin de ne pas nommer l’«agresseur», en l’occurrence les Etats-Unis, en service commandé par l’«Etat sioniste», expression qu’utilise souvent la Tunisie officielle pour désigner Israël.
Après avoir ménagé tous les pays amis, sans en condamner clairement aucun, se livrant au passage à un exercice pour le moins périlleux, la Tunisie a réitéré une position de principe consistant à fermement rejeter toute action militaire portant atteinte à la stabilité et à la souveraineté des États. Elle a, par ailleurs, appelé toutes les parties à faire face aux tentatives de l’entité sioniste de semer la discorde et la division entre les pays et de déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région.
La Tunisie a également appelé la communauté internationale et l’humanité tout entière à prendre des mesures urgentes pour mettre fin au saccage et à la brutalité de l’entité sioniste, qu’elle tient pour responsable de la violation des valeurs et principes humanitaires, du piétinement des droits et de la poursuite des crimes les plus odieux contre le peuple palestinien sans défense.
Reste qu’à vouloir mettre tout le monde d’accord, le Qatar, l’Iran et les Etats-Unis, notre pays a pris le risque de les mécontenter tous, en mettant sur un pied d’égalité agresseurs et agressés.
Décidément, la diplomatie est difficile en temps de guerre. On se souvient, dans ce contexte, des malentendus suscités par l’incompréhension des Koweïtiens de la position de la Tunisie, qui s’est gardée de clairement condamner l’occupation de l’émirat par l’Iraq.
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