Les habitants de Gabès ont observé hier, jeudi 16 octobre 2025, une «Journée régionale de colère» pour exiger la fermeture des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) qui continuent d’émettre dans l’air saturé des gaz toxiques causant de nombreux cas d’asphyxie et d’hospitalisation parmi les riverains. (Ph. Captures d’écran).
Le mouvement de protestation, qui a commencé le 27 septembre dernier avec les premiers cas d’asphyxie ayant touché des écoliers, ne semble pas près de connaître son épilogue. Les protestataires, encadrés par des acteurs de la société civile, reprochent au gouvernement de ne pas avoir tenu les promesses qu‘il avait faites en 2016 de fermer l’usine d’engrais chimiques et de n’avoir pas encore réagi à leur mouvement en proposant des solutions urgentes au problème de la pollution industrielle qui a atteint un seuil critique dans la région, en provoquant diverses maladies chroniques.
Les Gabésiens se sentent abandonnés à leur sort face un ogre qui continue d’émettre des gaz toxiques dans l’air et des boues chimiques dans la mer, portant ainsi atteinte à la biodiversité, à l’agriculture et à la pêche dont vivent beaucoup d’entre eux.
L’équipe d’experts dépêchée dans la région par le président de la république a fait son travail. Elle devra remettre son rapport et ses éventuelles propositions à Kaïs Saïed, dont les Gabésiens attendent non pas des paroles et des promesses, mais des décisions concrètes et fermes à la hauteur de la situation dramatique prévalant dans la région, et notamment un plan de démantèlement des unités polluantes et de réorientation de l’économie régionale vers des activités moins destructrices.
En attendant, les heurts se poursuivent entre les manifestants et les forces de l’ordre et la tension ne baisse pas, alimentée par les arrestations effectuées dans les rangs des protestataires dont beaucoup d’adolescents et de jeunes, mais aussi des femmes.
En fait, le mouvement, qui était porté par des acteurs de la société civile, mobilise aujourd’hui toutes les catégories de la société, et la crainte est de le voir bientôt déborder les limites du gouvernorat de Gabès pour être rejoint par les citoyens dans le reste du pays, et notamment les autres régions affectées par la pollution industrielle, comme Sfax, Gafsa et même, à un degré moindre, Tunis, Bizerte et Monastir.
Latif Belhedi



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