Le nettoyage du fond marin du Golfe de Gabès exige 2 à 3 ans

L’arrêt immédiat des rejets de phosphogypse dans le golfe de Gabès permettrait de rétablir l’équilibre écologique d’ici environ un an, grâce à la dynamique des marées dans la zone, estime Samir Gazbar, expert en environnement industriel, dans une déclaration à l’agence Tap, le 23 octobre 2025, ajoutant qu’un projet pluriannuel de nettoyage des fonds marins serait encore nécessaire à proximité des plages de Chatt Essalem et de Ghannouch, où le phosphogypse est déversé. (Ph. Rejets de phosphogypse polluant la plage de Chatt Essalam, Gabès).

La bande marine contaminée par le phosphogypse s’étend sur environ trois kilomètres au large, nécessitant des opérations de dragage estimées à 2 à 3 ans, ajoute l’expert, notant que le volume cumulé de phosphogypse rejeté depuis la création du Groupe chimique tunisien (GCT) est estimé à environ 200 millions de tonnes.

Le phosphogypse est un résidu de production formé principalement lors de la fabrication d’engrais phosphatés, obtenu par la réaction entre la roche phosphatée et l’acide sulfurique. Selon Gazbar, la solution du simple stockage temporaire en bassins n’est pas techniquement réalisable, d’autant plus que les rejets quotidiens atteignent en moyenne 15 000 tonnes. De plus, le recyclage des matériaux ne couvrirait qu’une partie limitée et ne résoudrait pas durablement le problème environnemental.

Entre-temps, le gouvernement a décidé, entre autres mesures urgentes annoncées pour résoudre la crise environnementale à Gabès, de suspendre le rejet de phosphogypse en mer. Il reste aux dirigeants de l’usine de la CPG de prendre les mesures techniques que cette suspension nécessite.

Ces actions s’inscrivent dans une période de forte mobilisation sociale dans ce gouvernorat du sud-est, marquée par des manifestations et des initiatives appelant à la fermeture et au démantèlement des unités polluantes.

Ces dernières semaines, Gabès a connu une escalade des protestations et des tensions avec les forces de l’ordre, et le 21 octobre, une grève générale a paralysé la ville.

L’expert Gazbar préconise une double trajectoire : une régénération naturelle relativement rapide de la mer, à condition que les déversements soient stoppés, et une réhabilitation progressive des fonds marins dans les zones les plus contaminées. Il reste aux autorités de mobiliser les moyens, financiers et autres, pour réaliser ces travaux qui pourraient prendre un certain temps.

I. B. (avec Tap).

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!