Le Plan national d’adaptation (PNA) aux changements climatiques de la Tunisie, fruit de plusieurs mois de réflexion, d’études et de concertations publiques, sera bientôt prêt pour une mise en œuvre multisectorielle et territoriale. Cependant, plusieurs défis structurels persistent, notamment, la faiblesse des financements, qui risquent de retarder sa mise en œuvre dans les délais souhaités et qu’exige l’accélération du changement climatique. Ces questions seront discutées lors d’un atelier national et multisectoriel de validation de ce PNA-Tunisie, qui se tiendra le mardi 27 octobre 2025 à Tunis.
Cet atelier sera l’occasion de présenter les données de base, notamment en ce qui concerne la vulnérabilité et les risques liés aux changements climatiques en Tunisie, la stratégie d’intervention, le rôle de chaque partie prenante et le Plan d’action global, sectoriel et territorial, selon les priorités et les urgences climatiques de la Tunisie.
La Tunisie, comme les autres pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc), a reconnu, à travers le cadre de l’adaptation de Cancun et la Décision 5/CP.17 adoptées lors de la COP 17 à Durban en Afrique du Sud, renforcés la même année par l’Accord de Paris, la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre son PNA.L’adaptation aux changements climatiquesdevient, en effet, un objectif aussi important que l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
En matière d’adaptation, la Tunisie a identifié plusieurs secteurs prioritaires : les ressources en eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, les écosystèmes et la biodiversité, la santé, les infrastructures et les zones urbanisées, le tourisme et les zones côtières.
Le PNA, en cours de concertations publiques et de finalisation, vise à renforcer l’intégration des enjeux climatiques dans les politiques sectorielles et territoriales et à consolider la résilience socio-économique du pays.
Des plans et des stratégies pour quoi faire ?
Ce plan complète et renforce d’autres stratégies nationales, notamment la Stratégie nationale de développement durable, la Stratégie nationale sobre en carbone et résiliente face au changement climatique, la Stratégie nationale de transition écologique, la Stratégie et plan d’action national pour la biodiversité, la Stratégie de conservation des eaux et du sol, la Stratégie forêt et parcours, la Stratégie eau 2050, la Stratégie sécurité alimentaire, ainsi que les programmes relatifs à la lutte contre la désertification et la neutralité de dégradation des terres.
En somme, beaucoup de wishfull thinking et d’inchallah qu’il va falloir sortir des cartons et traduire en actions concrètes, mais c’est là une autre affaire !
Pour une gouvernance multisectorielle durable,
La gouvernance climatique dans notre pays est assurée principalement par le ministère de l’Environnement, à travers l’Unité de gestion par objectifs «Changements climatiques» (Ugpo CC), point focal de la Ccnucc. Celle-ci est chargée de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre de la CDN et du PNA. Le ministère de l’Économie et du Plan a, quant à lui, pour mandat d’intégrer les enjeux climatiques dans le Plan national de développement, tandis que le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire assure, par l’intermédiaire de la Direction générale de l’aménagement du territoire, l’élaboration du Schéma national d’aménagement du territoire, qui confère aux politiques d’adaptation une dimension spatiale et territoriale.
Cette gouvernance, visant à assurer l’alignement des différents documents de planification du développement et de l’aménagement du territoire avec les stratégies climatiques, nécessite un renforcement de la coordination intersectorielle, notamment par la mise en place de mécanismes institutionnels partagés et l’harmonisation des outilsde suivi et d’évaluation.
Lancé par le Pnud, en collaboration avec le ministère de l’Environnement et divers autres partenaires institutionnels, le projet «Appui à l’intégration des risques climatiques dans la planification du développement et l’aménagement du territoire en Tunisie» a soutenu les efforts publics et le processus d’étude et d’élaboration du PNA.
Les enjeux et les défis de l’adaptation
Le PNA-Tunisie retrace pour les cinq années à venir un ensemble d’actions publiques d’adaptation. Si l’accent est mis, essentiellement, sur des secteurs prioritaires ou sur des régions particulièrement exposées aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles, cela n’exclut pas l’interdépendance des objectifs et des orientations du PNA avec d’autres dimensions socio-économiques essentielles du pays, telles que l’inclusion sociale, l’égalité de genre, la participation du secteur privé et de la société civile, la recherche scientifique, l’innovation technologique et la communication pour le changement des comportements.
Plusieurs défis structurels persistent, notamment la disponibilité limitée des données climatiques, le renforcement insuffisant des capacités institutionnelles, en particulier aux niveaux régional et local, la faiblesse des financements, ainsi que la faible intégration territoriale des politiques climatiques dans les stratégies de développement et d’aménagement. Tant que les objectifs d’adaptation demeurent déconnectés des logiques économiques et territoriales futures et des menaces climatiques, les divergences, notamment conjoncturelles, risquent de freiner la mise en œuvre des politiques climatiques. L’alignement clair entre les engagements stratégiques (CDN, PNA) et les projets opérationnels transcris dans le PND et la SNAT, s’il n’intègre pas les risques climatiques on passera à côté des opportunités de financement international, alors que les besoins d’investissement pour l’adaptation sont croissants.
Il serait ainsi primordial d’instaurer une vision territoriale cohérente et une meilleure articulation entre la CDN, le PNA, le PND et la SNAT, de développer des objectifs communs ainsi que des indicateurs communs de suivi afin de garantir une cohérence, une synergie temporelle et une efficacité accrue des politiques climatiques nationales.
L. B. (avec communiqué.)



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